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Des rires d'enfants résonnèrent à travers la plaine verte et fleuri de Septembre. Le ciel bleu, immaculé de nuages blancs, créait un reflet sur le petit étang calme... Un grand chêne perché en haut d'une légère colline, semblait vouloir rejoindre le sol au plus vite, ses feuilles dansaient au rythme de la légère brise, douce et chaude.
Trois enfants jouaient en dessous, riant aux éclats, ne se souciant ni du passé ni du futur, simplement de leur instant présent... Pourtant, ils savaient... Ils savaient qu'en rentrant chez eux ce soir là... Rien ne serait plus jamais pareil.
Enigma Rogue était certainement celle qui s'en doutait le plus. Elle savait que demain, il n'y aurait plus son frère pour la protéger, que demain, elle devrait affronter seule le monde...
Son frère Severus, et sa meilleure amie Lily partaient pour Poudlard, la laissant seule pour une raison qu'elle conaissait bien. Sa tristesse avait été immense lorsque Severus reçu sa lettre pour La célèbre école de magie, et pas elle. Poutant elle savait pourquoi... Elle ne possédait ni pouvoirs magiques ni prédispositions à en avoir plus tard, son seule "don" était en réalité une malédiction qui lui pourrirait l'existence jusqu'à son dernier souffle.
Le vent balaya ses longs cheveux d'un noir corbeau, chassant ses pensées par la même occasion. Le clocher de la petite ville de Carbone-les-Mines sonna 18h, l'heure de rentrer à la maison, Elle sourit à Lily et descendit la colline en riant, bien vite suivie de son frère, ensembles ils rirent une dernière fois afin de se rappeler leur tendre enfance auprès de leur seule amie... A chaque pas, à chaques enjambées qui la rapprochait de chez elle, son enfance disparaissait petit à petit, comme figé dans le temps afin de laisser place aux effrayantes limbes de l'adolescence...
La jeune fille serra une dernière fois son frère dans ses bras alors que celui-ci grimpa dans le train suivi de Lily qui lui sourit une dernière fois. Quelques minutes plus tard, le train émit un bruit sourd, de la fumée sortit des cheminées perchées sur le toit du wagon rouge... La première locomotive démarra, bien rapidement suivie des autres. Le train s'en allait. Emmenant ses seules amis avec lui. Les larmes dévalant ses joues, elle vit Severus lui tendre la main par la petite vitre du wagon face à elle, elle l'attrapa et la serra de toutes ses forces, de tout son amour. Lorsque le train s'éloigna, tentant de lui faire lâcher cette main qui l'avait soutenu toute sa vie. Enigma se détacha soudainement de la poigne de sa mère pour commencer à courir avec le train, sans lâcher la main de Severus. Les larmes dévalant ses joues, hurlant le nom de son frère en courant, lui implorant de ne pas l'abandonner, de ne pas la laisser... Mais lorsque que le train accéléra, elle sentit sa main glisser, son cœur se fissurer doucement, son seule ami depuis toujours lui échapper... Plusieurs élèves des autres wagons l'observait de leur fenêtre, certains regardaient la scène avec un air de pitié au fond des yeux, d'autres la voyaient simplement comme une gamine un peu trop attachée au garçon.
Mais au fond... Aucun ne savait vraiment, aucun de tout ses sorciers ne se rendaient vraiment compte du lien si fort qui unissait les deux enfants. Même Lily Evans n'imaginait pas qu'ils se considéraient comme une seule âme partagée en deux. Bien sûr ce n'était pas qu'une question d'âge, bien qu'ils soient de la même année, ils avaient tout vécu ensemble, la cruauté des autres, la violence de leurs parents, les disputes, les hurlements, la joie, les rires, l'amitié, l'amour... Lorsque la main de Severus lâcha définitivement celle d'Enigma, le cœur de la jeune fille se déchira complètement, créant un vide soudain. Les joues mouillées, le regard vide et le coeur troué, Enigma retourna en compagnie de sa mère qui la ramena à Carbonne-les-Mines. Une fois arrivé, la fille remonta immédiatement dans sa chambre et laissa son corps échapper toute sa tristesse, souillant son oreiller de larmes amères... Elle s'avança vers la fenêtre exiguë de la vielle et sombre maison dans la troisième rue de Carbonne-les-Mines, cette maison qui n'habiterait maintenant qu'une petite fille seule... Son regard aperçut le sommet du grand chêne tordu dans la jolie plaine qui avait bercé son enfance... Elle déposa sa main pâle et fine contre la vitre puis y déposa sa tête en songeant pour la première fois à l'effrayant futur qui l'attendait. Que cette année allait être longue... Une dernière larme dévala sa joue gauche lorsqu'elle songea, Qu'enfin, elle y était... Elle venait d'entrer dans les terrifiantes limbes de l'adolescence.
