Partie 1 - Angel of night

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"Plainsceux qui ont peur car ils créent leurs propres terreurs"



StephenKing,Laligne verte




Cematin comme tous les matins, le réveil sonne, il est six heurescinq. Tel que chaque jour, mes yeux se sont ouverts avant mêmed'entendre la musique de métal suédois. Je me lève, enfile meschaussons, traverse l'appartement pour aller à la cuisine. Il estsix heures onze, je sors un bol du meuble haut, mes céréales de rizsoufflé et la bouteille de lait végétal. Je fais mon mélange etle dévore à toute vitesse. Il est six heures vingt-trois, je dorsencore à moitié, je prends dans l'armoire un chemisier blanc, unjean boyfriend noir, accompagné de chaussettes blanches avec desécritures noires en haut et un body en dentelle blanc. J'ouvre lerobinet de la douche et l'eau se met à couler de la paume. Il estsix heures et demi, je vais sous le jet bouillonnant, me passe dusavon parfumé au charmant nom " d'âme toscane ". J'enfilemes vêtements, ma veste en jean noir oversize et mes Vans noir quim'attendaient dans le couloir de l'entrée. Il est presque six heuresquarante-cinq, je sors de l'appartement mon sac sur le dos et monthermos de café à la main. Je n'ai ni pris le temps de me coiffer,ni de me maquiller, ni même de laver mon bol sale. À six heurescinquante-cinq je suis à l'arrêt de bus. Avec moi attendent unétudiant et ce que je suppose vu la tenue qu'elle porte être uneprostituée. Je m'assoie sur le petit banc et mets mes écouteurs.J'appuie sur play et une musique calme et romantique résonne dansmes oreilles. Le bus s'arrête, devant nous à sept heures pétante.Le garçon entre en premier, puis moi et enfin la marchande d'amour.Je me mets sur un siège devant et regarde par la vitre. L'étudiantet tout au fond et la femme se tient à une des barres en fer. Il y aaussi deux gays qui s'embrassent langoureusement, une dame de couleurse tient devant moi et un grand-père à ma gauche. J'arrive devantle lycée à sept heures trente. J'entre dans l'enceinte dubâtiment, je traverse le hall d'entrée remplis de lycéens. Jemonte les escaliers, il est sept heures trente-sept, j'ai toujourspréféré les endroits plus calme, où règnent l'odeur des livreset le bourdonnement des ordinateurs. Je sors ma clé et ouvre le CDI,je suis professeure ici depuis ma sortie d'université et mon CAPESen poche. Je m'installe à mon bureau, pose mon café et lance maveste sur la chaise. Je m'attache les cheveux vite fait et sors matrousse et ma pochette. Je regarde le planning, ce matin j'ai lessecondes C. Il est sept heures, dans cinq minutes ça va sonner, lesélèves vont aller en cours et je vais retrouver ma classe. Je passedans la salle à l'arrière et pose mon sac à dos sur le petitcanapé. Des élèves s'agglutinent devant la porte du CDI, jem'approche et leurs ouvre. Ils entrent et se répartissent au niveaudes postes informatiques. Une fois tous installés je fais l'appel,ma montre affiche huit heures cinq quand je commence enfin à donnerles instructions. Je prends un feutre et écris sur le tableau.



"-Aujourd'huivous allez faire des recherches sur le sujet qui vous intéresse leplus parmi ceux que j'écris au tableau, vous travaillerez par groupede deux ou trois mais pas tout seul. Les sujets sont: les différentsstyles de musique, les pays, les religions et enfin les mythes. Pourchacun de ces thèmes vous choisirez un pays, style de musique ouautres que vous présenterez avec un diaporama et un discours tel unexposé. Vous avez des questions ? Non ? Bon alors au travail. "



Jeles laisse en autonomie et reviens à mon bureau. Je regarde lespapiers entassés par ma collègue dans ma boîte. Il y a desautorisations pour aller à la sortie cinéma, une liste de livresnon rendus et un post-it avec écrit le jour du rendez-vous avec lesparents d'une élève. Dans la boîte commune servant plus de boîteaux lettres à la porte, là où les lycées peuvent déposer toutessortes de choses: livres, papiers etc, je récupère deux romans, unmangas et des autorisations. Je pose le tas sur le bureau. Parmi lesautorisations je trouve une petite enveloppe noire. Instinctivementje la sens, ça sent la rose, c'est étrange; il s'agit peut êtred'une lettre pour Léa ma collègue documentaliste, c'est une femmetrès osée on va dire, mini jupe et décolleté la connaissentbien. Elle a apparemment eu des relations sexuels avec certainsprofesseurs et même des élèves si on en croit la rumeur. Cela nem'étonnerait pas que ce papier soit pour elle. Je le mets dans saboite et range les autorisations. Il m'en manque deux, celle deThibault en seconde B et de Marine en terminales A. Je vais aller leschercher à la deuxième heure car je n'ai personne en cours. Lessecondes s'affairent sur leurs recherches, il est huit heurescinquante-deux, ça sonne dans trois minutes. Je leur demande alorsde me rendre une feuille par groupe avec écrit les noms des membresdu groupe et le thème choisi ainsi que sa spécificité. Avant mêmeque ça ai sonné les élèves sont sortis, seule Justine est là quicherche un livre dans son sac. Elle le trouve me le tend et filerejoindre les autres. Je mets l'ouvrage dans le panier avec lesautres livres à ranger. J'appelle Christelle qui est sansdoute à la vie scolaire pour lui dire que je m'absente deux minuteschercher les autorisations qui me manquent et qu'ensuite je pourraisprendre des étudiants. Je ferme le CDI à clé et pars dans lescouloirs maintenant vides. Je frappe à la porte de Monsieur Kilue,le prof de mathématiques, il m'ouvre, je demande à Thibault sonautorisation et pars ensuite en direction de la classe de terminaleA. Une fois mes deux copies trouvées je reviens à la bibliothèquedu lycée. Devant la porte m'attendent une dizaine de lycéens. Jeles fais entrer et reviens à mon bureau, j'attache toutes lesautorisations ensemble pour les amener à la directrice. Je range lesquelques livres rendus, il y a plus d'élèves sur les ordinateursque sur les tables pour travailler où au coin lecture. Je passe voirce que font les jeunes sur les PC, je surprends l'un d'eux sur unsite normalement bloqué par le rectorat et le prévient de ne pasrecommencer au risque d'avoir une sanction sévère. C'est bien lapremière fois qu'un élève est assez culotté pour chercher dessites pornographiques sur l'ordinateur du lycée et qu'il ne prendmême pas la peine de se mettre en page privé, je me remets autravail et vérifie que ma boîte est vide. J'emporte lesautorisations à la directrice et demande avant aux jeunes de ne pasfaire trop de bruit. Mes pas résonnent dans le hall presque vide àcette heure-ci. Je me dirige vers le bureau de la directrice, j'entreet lui donne les papiers.

S4T4NOù les histoires vivent. Découvrez maintenant