A la maison?

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Du plus loin que je me souvienne, Hunter a toujours fait partie de ma vie. C'était mon meilleur ami. Peut-être que je devrais commencer par vous expliquer comment nous nous sommes liés ?

Je suis née dans une famille particulière. Pleine de principes, de préjugés et de défauts. Comme beaucoup de famille ? Certainement, mais la mienne atteint le haut du panier question bizarreries. Je suis la fille d'un mâle bêta. Un loup respecté dans sa meute, malgré son caractère irascible et sa propension à boire plus que de raison. Pour être tout à fait honnête, j'imagine qu'il est respecté parce qu'il est le frère de l'Alpha. Ma mère, elle, apprécie allègrement sa position enviable au sein de la meute. Ma sœur a su également trouver sa place. Et moi... Et bien moi je suis l'élément perturbateur de cette famille. Je ne rentre pas dans leurs cases. J'ai toujours été la plus frêle, petite chose fragile perdue parmi des loups tous plus solides les uns que les autres. Même Hunter s'amuse de me voir si fragile en me surnommant Birdy, son petit oiseau tombé du nid.

Aussi, lorsque mes seize ans sont arrivés, tous les yeux se sont braqués sur moi. Ils attendaient tous que je devienne enfin l'une des leur. Enfin, j'allais être comme les autres ! Oh, ce n'est pas que je le souhaitais... Mais tout doit être plus simple lorsqu'on se fond dans la masse, non ? Mais rien ne s'est passé. Je ne suis jamais devenue comme eux. Je ne suis pas une louve. Ou du moins, je n'ai jamais su le devenir. Parce que ça doit bien être en moi, non ? On n'a jamais entendu des loups engendrer des humains tous faibles, si ? Alors je suis devenue encore plus leur boulet. La chose qu'on doit cacher, qu'on ne peut pas aimer.

Et Hunter dans tout ça ? Lui aussi, c'est une anomalie dans le tableau parfait de la meute. Sans parents, il a toujours vécu seul, à l'écart. Nous nous sommes rencontrés dans des circonstances un peu particulières. Mais contre toute attente, nous sommes devenus amis. C'est devenu le centre de ma vie. J'allais me réfugier chez lui chaque fois que les hurlements de mes parents devenaient insupportables. Quand lors des réunions de la meute les regards insistants des autres se faisant trop lourds. Et puis un jour, notre histoire a basculé.

       Ce jour-là, j'ai pris conscience de l'anormalité de la situation. Je ne me souviens même plus du contexte. Je me souviens juste de la dispute. Des coups. De la porte que j'ai claquée.

Il fait un froid de canard. Je suis partie sans veste, et là au milieu des bois, je le regrette amèrement. Je presse donc le pas ; je connais le chemin par cœur et je ne ressens aucun gêne au milieu de la noirceur des bois. Une fois devant de la porte, j'hésite. J'ai bien conscience que je vais franchir un cap. Mais je ne peux plus reculer. Lorsque Hunter ouvre, une myriade d'émotions travers son regard. Il reste figé sur place, à détailler mon visage tuméfié. Pendant des secondes qui me paraissent durer un siècle, nous nous fixons sans bouger. Puis il pose sa main sur ma nuque et m'attire contre lui. Je ne saurais pas comment expliquer ce que j'éprouve quand il me câline comme ça. Là, tout de suite, je ressens surtout un grand soulagement. L'impression d'être enfin en sécurité.

Ce n'est qu'une fois installés sur son canapé devant le feu de cheminée qu'il me demande des explications sur l'ecchymose violacée entourant mon œil gauche. Allongés ensemble, son bras passé autour de ma taille comme nous l'avons toujours fait sans y voir un quelconque sous-entendu, il caresse mes cheveux en silence depuis une dizaine de minutes quand il brise enfin la magie du moment.

Tu vas m'expliquer ?

J'aimerais refuser. Après tout, ce n'est pas la première fois que ça dérape à la maison. Mais c'est la première fois que j'autorise Hunter à le voir.

C'est mon père... Il est devenu dingue.

Il se redresse pour me regarder dans les yeux.

Oméga [Edité chez Alter Réal ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant