chapitre 1

6 2 3
                                    

Je laisse mon regard se perdre au loin, c'est l'automne et les jardins de l'université ressemblent à un de ces tableaux pleins de couleurs qu'on nous montre en cours d'histoire de l'art. La douce brise d'octobre fait frémir la cime des arbres. Les feuilles d'or et de bronze valsent dans l'air, formant une flamme s'élevant dans les airs et hypnotisant mon regard vide. Je me laisse bercer par la voix roque et calme de ma professeure de littérature anglaise, une voix faite pour raconter des histoires. Je l'ai toujours admirée, cette femme brille d'intelligence et vit pour la transmission de son savoir. Son regard farouche et passionné  nous capte à la seconde où débute son cours et ne nous lâche plus. Celui-ci venait tout juste de débuter et je m'empressa de détacher mon regard de la fenêtre et de me concentrer sur les paroles de Mrs Lise, pressée de savoir quel texte nous allions étudier aujourd'hui. J'adorais la sensation, à chaque fin de cours, d'avoir comme l'impression de connaître un texte par cœur, de connaître ses moindres secrets et d'avoir comme établi un lien avec l'auteur après avoir passé plusieurs heures penchées dessus. A chaque fois c'était comme si j'avais réussi à capter, l'espace d'un instant, les émotions transmises entre chaque mots méticuleusement choisi par l'auteur. Comme si un espace temps c'était ouvert et que lui, moi, Mrs Lise, mes camarades, savions qu'un lien intime s'était créé.

Le cours d'aujourd'hui portait sur un extrait du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, et je ne tarda pas à me plonger dans l'analyse de chaque procédés. Quand la cloche sonna, j'étais tellement absorbée par mon travail que je ne remarqua même pas que la plupart de mes camarades s'étaient déjà levés et se dirigeaient vers la sortie. Je m'empressa de ranger mon ordinateur et mes notes dans mon sac et manqua de trébucher contre un sac oublié au sol. De justesse, un bras me rattrapa par les épaules et me stabilisa. 

- " A deux secondes près tu te retrouvais face contre terre ! " rigola une voix chaude derrière moi. 

- " A croire que le semestre m'épuise déjà avant même qu'il n'est commencé. " Répondis-je en levant les yeux au ciel. Ou bien j'étais simplement née avec deux pieds gauches, incapable de faire plus de trois pas sans manquer de tomber. Cette maladresse m'exaspérait et m'embarrassait au quotidien. En plus de me mettre dans des situations honteuses face à des inconnus, il n'était pas rare que je finisse la semaine avec des bleus sur tout le corps.  

- " Il faut que tu te détendes, continua le jeune homme tandis que nous sortions dans l'air frais d'une soirée d'automne, les cours ont à peine commencé et tu passes déjà tout ton temps à la bibliothèque. Et ne vas pas me faire croire que tu as déjà des devoirs à rendre Maïa, on suit la moitié de nos cours ensemble. "

- " C'est simplement un peu d'avance, rétorqué-je en enfouissant mon nez dans mon écharpe, je ne veux pas me laisser surprendre. "

J'avais toujours été une élève studieuse, faisant tout ce qu'on me demandait à la perfection, quitte à passer une nuit entière à rédiger un devoirs. Mes parents n'avaient jamais eu à me pousser, je faisais toujours tout par moi même, sans broncher. J'avais passé brillement mes études secondaires et faisais la fierté de mes parents et de mon école. Ma place de major de promo au lycée m'avait permis d'obtenir une bourse dans les universités les plus prestigieuses du Royaume-Unis. Une des raisons pour lesquelles j'avais travaillé si dur pendant toute ma scolarité était que je savais pertinemment que mes parents ne pourraient pas me payer une université permettant d'accéder au plus prestigieux niveau d'étude. Mon choix s'était finalement dirigé vers Cambridge, un lieu chargé d'histoire, et j'avais intégré le cursus de littérature anglaise l'année précédente, réalisant mon rêve de petite fille. D'aussi loin que je me souvienne j'avais toujours adoré lire, cela me venait de ma mère. Elle était prof de français au lycée et quand j'étais petite je me souviens que parfois, quand mon père finissait tard et qu'il ne pouvait pas me garder après l'école, une amie de ma mère me déposait à son lycée. Pendant que celle ci faisait cours à ses élèves, je m'asseyais au fond de la classe et l'écoutais parler de tel ou tel auteur, le regard brillant. Parfois, quand j'en avais marre de rester assise sur une de ces chaises si haute que mes petits pieds d'enfants pendaient dans le vide, j'allais m'installer dans un coin de la bibliothèque et dévorais des romans de toutes sortes pendant des heures. Cette passion pour la lecture ne m'a jamais lâchée depuis et mes cours à Cambridge ne faisaient que renforcer mon amour pour les mots. 

Perdue dans mes pensées je laissais Mark me diriger vers notre endroit préféré pour manger après les cours. Il savait que je préférais le silence aux discussions banales et sans intérêts et me laissait dans mes réflexions. C'est comme ça que fonctionnait notre relation, il me comprenait mieux que quiconque, il ne me bousculait pas et me laissait l'espace dont j'avais besoin. Je n'avais jamais été très douée pour me faire des amis, pour communiquer en général. J'étais timide et facilement impressionnable, une seule question à laquelle je ne savais pas par quoi répondre pouvait rapidement me déstabiliser. Cette timidité m'avait valu des remarques au collège, les autres élèves se moquaient de moi, j'avais appris à rester dans ma bulle et à ne plus leurs répondre. Mark, quant à lui, acceptait mon silence et ne cherchait pas à rentrer dans ma bulle. Il l'avait compris dès la première fois où nous nous étions rencontrés. Il s'était assis à côté de moi pour notre tout premier cours de littérature, il s'était contenté de me saluer et ne m'avait pas adressé la parole pendant le reste de l'heure, concentré sur son travail. Le lendemain il avait recommencé, et le jours d'après. Un midi, alors que j'étais plongée dans un des romans que Mrs Lise nous avait demandé de lire, il était venu s'asseoir à coté de moi et avait sorti son livre. Nous avions passé l'après midi, jusqu'à une heure bien avancée de la soirée,  cote à cote. Nos respirations calmes et accordées au rythme de nos pages tournées. Ce soir là il m'avait raccompagné jusqu'à mon internat et, sur le chemin, nous avions parlé de nos lectures préférées, des cours sans fins de Mr Bortz, notre professeur d'histoire de l'art, et de nos vies respectives. Je n'avais jamais parlé à quelqu'un aussi facilement, il avait su me mettre en confiance et rentrer dans mon monde pourtant si bien protégé. 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

hey ! voici le premier chapitre de cette histoire ! j'espère que le personnage de maïa vous plait pour l'instant eheh

je ne suis pas une pro donc ce n'est pas parfait mais j'y ai mit du coeur ahah

je ne sais même pas comment faire pour qu'une histoire soit vue sur wattpad donc j'imagine que personne ne va lire ces lignes mais bon on sait jamais. donc si tu lis ces mots actuellement : heeeyy ! j'espère que tu vas bien, n'hésites pas à me laisser ton avis :))

love,

clem

neuf ans plus tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant