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Daegu, 4 Juin 2018
J'avais toujours éprouvé un immense respect envers mon père, respectable médecin. Mes yeux de gamin voyaient cet homme comme un héros, mon héros. Et comme tout gamin de sept ans qui se respecte, j'ouvrais toujours ma grande gueule pour crier des idioties du genre "Je veux être comme Papa ! Moi aussi je veux sauver des gens ! Plus tard, je serai un grand docteur !".
Ô malheur...
Si j'avais su ce qui m'attendait dans le futur, peut-être aurais-je davantage réfléchi, avant de mettre des idées farfelues dans la tête de mes parents. Parce qu'autant cette idée de devenir médecin m'était complètement sortie de l'esprit durant mon adolescence, autant mes parents, eux, espéraient toujours me voir porter cette immonde blouse blanche.
C'est pourquoi, à cet instant-même, je me trouvais assis à mon bureau, dans ma chambre, le nez plongé dans un bouquin de médecine. Et c'est aussi pourquoi, la seconde d'après, mes yeux divaguaient déjà vers d'autres horizons.... Comme sur le cul de mon voisin, par exemple, que je pouvais voir se trémousser depuis la fenêtre ouverte de ma chambre, alors qu'il faisait son jogging quotidien, bien moulé dans son short gris.
Le soleil tapait depuis le début de la journée sur notre quartier, me faisant de plus en plus regretter mon choix d'études (quelque peu forcé par mes parents) qui m'obligeait à rester dans cette putain de chambre, à tenter de retenir des définitions aussi incompréhensibles qu'un poème de Victor Hugo, tiré des Fleurs Du Mal.
《 Attends, c'est pas Baudelaire ça déjà ? 》
Ouais... Les études, ça n'avait jamais véritablement été mon fort de toute façon. En grandissant, le Monde m'avait montré ce qu'il avait de plus beau : la musique, les fêtes, les garçons, les filles...
Et moi ? Et bien moi, j'avais plongé la tête la première dedans.
♪
《 Ok, cinq minutes de pause et on reprend ! 》
Je m'exclamai, essayant de me convaincre de mes propres paroles. C'était chaque fois la même chose, bien évidemment. Cinq minutes de pause se transformaient rapidement en plus d'une heure de "je traîne sur les réseaux sociaux pour bader devant la vie des autres et regretter un peu plus mes choix".
Et mes amis étaient la cause première de cette envie de tout plaquer. En effet, ils contribuaient à mon malheur en m'envoyant toutes sortes de photos, passant par leur tête de fêtards, à leurs soirées bien arrosées...
Et ça me manquait, tout ça... Tous ces moments passés en leur compagnie, à rigoler de nos conneries, à danser, crier tard dans la nuit...
Je devenais facilement nostalgique; je ne me plaisais pas dans mes études, et je regrettais considérablement ma jeunesse. J'avais l'impression d'être un imposteur; un garçon se cachant derrière des ambitions d'adulte, qui ne lui avaient même pas été données de choisir. En réalité, mes parents profitaient du fait que je ne sache pas quoi faire de ma vie. Ils disaient vouloir le meilleur pour moi; un avenir qui leur permettrait de partir sans avoir à se soucier de moi.
