05. Oublier pour guérir ou guérir pour oublier?

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05. Oublier pour guérir ou guérir pour oublier?

"Je ressens ce monstre qui me griffe l'intérieur. Chaque heure, chaque minute et chaque seconde, je le sens qui me ronge, tranquillement, sûrement. Je l'entends qui murmure chacune de mes peurs, il les rend réelles, il les crée de ses longues griffes. Je souhaite le libérer, mais à quel prix?"

-Natasha

Il se réveilla quand quelque chose de trempe se déposa sur sa joue, réveillant une douleur qui lui était nouvelle. Il se redressa en sursaut, sans toutefois ouvrir les paupières, puis porta une main à sa tête qui hurlait de sa stupidité. Il pouvait sentir son coeur battre dans ses tempes et la peau de son visage s'étirer douloureusement.

-Tony, reste couché, tu ne dois pas rester ainsi dans ton état, dit une voix qu'il sut reconnaître sans difficultés.

Il ouvrit les yeux tranquillement, les laissant s'habituer à la forte luminosité dans la pièce et vit Leila, un linge à la main, qui le regardait avec inquiétude et pitié.

Il haïssait la pitié.

Avec un lourd soupir, il se laissa retomber sur le matelas sous lui, lui obéissant et posa son bras à travers son visage qu'il devinait tuméfié, honteux de son état. Avec douceur, Leila retira son bras et le déposa le long de son corps. Il la laissa faire, trop épuisé pour s'y opposé. Elle se remit à sa tâche, épongeant son front de son linge humide.

Un ange passa.

Puis, sa voix tremblante s'élèva.

-Tu sais, Tony, tu m'as foutue la frousse. Je me sentais tellement impuissante, derrière ce grillage. J'ai eu peur qu'ils te tuent, tu sais? Tous les coups qui pleuvaient sur toi... Tu ne bougeais plus sous leurs poings. Tellement, tellement inutile...

Sa voix se cassa. Il ouvrit les yeux, observant sa silhouette. Elle essuya les larmes qui avaient coulées sur ses joues du talon de sa main, d'un geste impatient. Comme si elle ne pouvait croire qu'elle se montrait aussi faible.

-T'es-tu déjà senti ainsi? Impuissant face aux événements, même si tu brûles de vouloir agir, arrêter l'horreur qui se déroule devant tes yeux. As-tu ressenti la peur de voir quelqu'un mourir sous ton nez, alors qu'elle est tout ce qui te maintient en vie, celle qui garde fermement ta vie entre ses mains trop courageuses? Peux-tu comprendre la rage qui m'habitait tout en même temps, l'envie de me défouler sur ces êtres cruels et vicieux qui ont fait de ce moment une torture, une véritable souffrance pour mon esprit... J'aurais tellement voulu...

Les sanglots secouaient ses épaules minces, l'empêchant de parler correctement.

Il ne savait quoi faire. Il nageait dans la confusion, la tête en ébullition. Il fit alors ce que sa mère lui avait appris, inconsciemment, peut-être. Par pur instinct.

Il l'étreint d'un bras faible, entourant doucement ses hanches.

Elle leva quelque peu la tête, lui jetant un regard étonné. Il lui sourit faiblement, incapable de trop remuer les muscles de son visage.

Leila reprit la parole, le surprenant.

-Le connais-tu, ce sentiment?

Tony détourna le regard, le dirigea vers le plafond.

-Oui, finit-il par murmurer de façon à peine audible.

Leila eut l'air désolée, puis, enfouie sa tête contre son torse, ses mains agrippant fermement son chandail.

Une vengeance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant