01. Souvenirs de cimetière

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C H A P I T R E 1: Souvenirs de cimetière

Natasha

"Ce n'est jamais une coïncidence. Tout est planifié de A à Z depuis des années." -Jeff Wilson

Je passai une main tremblante sur mon visage, tâchant de me calmer. Mon reflet me rejetait l'image d'une jeune femme au visage épuisé, un immense tristesse gravée dans ses traits. Je baissai les yeux, incapable de soutenir mon propre regard.

Aujourd'hui-même, le 24 avril.

La date de la mort de Noah.

Mon coeur se serra à cette pensée.

Même quatre ans plus tard, le souvenir de son sacrifice me hantait tous les jours, sans relâche. Avoir Guillaume à mes côtés, pour me soutenir, m'appuyer, rendait tout cela plus facile, mais n'effacait jamais complètement la douleur, ne faisait que l'estomper.

Une paire de bras forts entourèrent soudainement, mais toutefois délicatement, ma taille, comme s'il avait peur de me casser. Guillaume appuya son menton sur mon épaule, soupirant. Je posai mes mains contre ses bras et me laissai aller contre lui, les yeux fermés.

-Mon amour, Derek s'impatiente dans sa poussette. Si tu veux qu'il y reste quand nous serons au cimetière, il faudrait y aller, murmura doucement mon mari dans mon oreille.

Je croisai son regard dans le miroir et souris pauvrement. Il embrassa délicatement ma nuque et inspira dans mes cheveux, son souffle chatouillant ma peau.

-Je sais à quel point c'est difficile pour toi, mais je ne veux pas te mettre de la pression.

-Bien sûr, donne-moi juste une minute, répondis-je.

Avec un dernier regard inquiet, il défit son étreinte et quitta la salle de bain, fermant la porte doucement derrière lui.

Il savait à quel point c'était dur pour nous. C'était dur pour lui aussi, mais il refoulait mieux ses émotions que je ne le savais faire. Il les gérait mieux.

Pour moi, c'était plus dur.

Guillaume et Derek étaient mes seules bouées, me permettant de rester attachée à la réalité pour ces dures 24 heures où tous mes souvenirs de Noah m'assaillaient.

Son sourire lumineux.

La douce couleur de ses iris.

Sa compassion envers tous.

Je soupirai et sortis finalement de la salle de bain, me dirigeant vers le hall d'entrée sans plus attendre.

Un joyeux gazouillement m'accueillit et je me penchai pour poser un baiser sur la joue dodue de Derek, mon fils aux cheveux blonds et aux yeux gris.

Je lui souris.

-Salut mon amour. On va aller visiter Tonton Noah, aujourd'hui.

-Maman, dit-il en souriant, montrant sa dentition peu fournie.

Je levai les yeux pour rencontrer le regard de Guillaume qui s'avança vers nous, mon manteau à la main. Il m'élança tranquillement et posa un baiser sur le crâne de Derek.

-Allez, on doit partir.

J'enfilai mon manteau et suivit mes deux hommes hors de la maison, barrant à clé la porte derrière moi.

Nous avions opter pour une maison légèrement retirée du centre-ville de Montréal, mais malgré mon goût prononcée pour la campagne et ses alentours calmes, je n'avais pas réussi à convaincre Guillaume de s'y installer. ''Vivre avec des vaches? Hors de question!'', m'avait-il répondu d'une voix scandalisée quand je lui avait proposé cette option.

Ce souvenir me fit sourire et je descendis du perron en sautillant dans les marches. Guillaume prit ma main dans la sienne et, de l'autre main, poussa la poussette où Derek gazouillait joyeusement, observant les détails autour de lui avec attention. Il glissa un pouce dans sa bouche et le téta, ouvrant de grands yeux gris vers nous.

. . .

Après une quinzaine de minutes de marche, nous arrivâmes au cimetière où Noah avait été enterré, à la demande de son père puisque le blond n'avait pas de testament.

J'avais trouvé cet acte hypocrite, étant donné la faible présence que cet homme avait fait égard tout au long de la vie de Noah. Maintenant qu'il était mort, son géniteur semblait s'être rendu compte qu'il avait un fils. Je ne plaignais pas cet homme. Sa seule vue me donnait l'envie de l'étouffer de mes propres mains, car, peut-être, aurait-il pu empêcher cette histoire de gang de briser la vie de son fils aussi subitement s'il aurait fait acte de présence plus souvent, comme seul un vrai père l'aurait fait. Pour l'appuyer, le soutenir durant son adolescence. L'aider à faire ses devoirs, le punir pour des notes médiocres. Il devait assurément avoir réalisé ses erreurs monumentales.

Aujourd'hui, c'était trop tard pour les réparer.

-Chérie, tu viens? me demanda Guillaume, me tirant de mes pensées.

-Oui, j'arrive.

Je m'étais arrêtée à l'entrée du cimetière, trop concertée à mes pensées. Je rejoignis Guillaume et glissai mon bras sous le sien, cherchant un peu de réconfort dans ses bras. Aussitôt, il me l'accorda, entourant mes épaules de son bras. Je soupirai de confort, mais quand mon mari s'arrêta, tout me retomba sur la tête.

Devant moi, c'était Noah. Sa pierre tombale sans épigraphe. Rien pour rappeler un souvenir joyeux à ses visiteurs, les personnes à qui il manquait. Ses vestiges, ceux de sa courte vie trop vite finie.

Un sanglot déchirant s'échappa de mes lèvres et c'est à ce moment que je me rendis compte que les larmes coulaient librement sur mes joues. J'essayai d'étouffer mes sanglots bruyants de ma main, la posant contre ma bouche.

Guillaume resserra son étreinte sur mes épaules et Derek prit un de mes doigts dans ses petites mains.

Je leur en fut reconnaissante.

C'était dur, plus dur que je ne le pensais. J'avais l'impression que cette année était la plus difficile, sans que je ne sache pourquoi.

Y avait-il une raison?

Je ne croyais pas.

C'était simplement ce qu'elle croyait.

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Saluut!

Voilà le premier chapitre. Je ne suis pas entièrement satisfaite de sa qualité, mais je vais m'y faire.

Désolée de l'attente.

Bref.

Vous avez une idée de nom pour le couple de Guillaume et Natasha? Le plus joli que vous trouvez?

Bon, alors, à plus dans le prochain chapitre!

Gabou

Une vengeance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant