Chapitre 4 : Alice au pays des adultes.

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Louane - Je vole

Évidemment, il fallait s'attendre aux coups discrets qui retentissent à ma porte et aux murmures derrière celle-ci. 

« Allez ma chérie, elle a sûrement plus besoin de toi que de sa vieille grand-mère en ce moment. Je reviendrai vous voir quand le souper sera prêt. Prends bien soin d'elle, d'accord ?

- Oui, d'accord. »

Ma porte s'entrouvre lentement, laissant apparaître un léger rayon de lumière dans la noirceur de ma chambre. La tête de Maeva fait son apparition tandis que mes larmes roulent encore et encore sur mes joues, dans une course incessante dirigée par le mal qui m'habite. 

« Oh non, Amber, que s'est-il passé qui peut bien te mettre dans cet état-là ? , me demande-t-elle en me prenant dans ses bras, ma tête contre son épaule. 

- On marchait... je... il...,réussis-je à articuler avant que mes larmes doublent d'ardeur face aux souvenirs qui refaisaient surface dans ma tête. 

- Chut, calme-toi... On va en parler après d'accord ? Pour l'instant, pleure si ça peut te faire du bien et prends le temps de te calmer. Je suis là, tout va bien aller Amber...,m'apaise-t-elle en me flattant les cheveux, comme à chaque fois que l'une de nous pleure. 

Les minutes passent tandis qu'elle commence a fredonner une perceuse espagnole que sa grand-mère lui a apprise. Je ne vois plus le temps défiler. Nous restons là, longtemps. Très longtemps même. Peut-être des heures, qui sait. Je sais qu'elle ne fera pas le premier pas pour ne pas me brusquer. Je sais que je devrais lui parler, lui raconter ce qui s'est passé, mais je n'en ai simplement pas la force. On vient de me tirer une flèche directement dans le cœur et j'ai l'impression que même si on me la retirait... Ça ne changerait rien à ma douleur. Je sais, oui, c'est un peu stupide d'être dans cet état-là pour un garçon qui vient à peine de remarquer mon existence, mais moi ça fait des années que je le regarde sans jamais oser m'approcher. Il faut comprendre que justement, cela fait des années que je m'imagine de beaux scénarios romantiques avec lui dans la tête et que dès que j'ai l'infime chance que ça puisse peut-être bien se produire et bien...Lui décide que non. ELLE, elle décide que non. Me faire couper un bras ne pourrait faire plus mal en ce moment. Tout espoir perdu, tout a volé en éclats au moment où je l'ai vu s'approcher un peu trop près de lui. J'aurais dû m'en douter l'autre soir, elle ne lui tournait pas autour, ils sont ensemble. Comment ai-je pu être aussi naïve quand tout ça se déroulait sous mes yeux ? Et qu'en plus, que ce ne soit pas la première fois. 

Plus les minutes passent et plus je suis épuisée. Épuisée par mes larmes, par mon chagrin. Les yeux me brûlent et j'ai tout trempé le t-shirt de mon amie, sur lequel ma tête est encore apposée. Mais bon, ça n'a pas trop l'air de la déranger, donc c'est correct. 

« Bon, ça suffit. Je n'ai pas l'habitude de te brusquer comme ça mais là c'est assez. Je n'en peux plus de te voir te torturer l'esprit, te voir pleurer toutes tes larmes de ton corps sans même que je n'en sache la cause. Alors parle-moi, je t'en supplie, me chuchote-t-elle, me suppliant. Jamais je ne l'ai vu m'implorer de la sorteje crois. »

Je me redresse, essuie l'eau de sur mon visage et me lève pour aller me moucher. Je me remonte les cheveux en une queue de cheval et revient m'asseoir à ses côtés. Je ne sais même pas par où commencer : par quand elle est arrivée ou quand elle l'a embrassé ? Je n'en sais foutrement rien... 

« Euh... Et bien... Quand je suis arrivée il m'a emmenée dans une crèmerie. Une très jolie place où j'ai pu gouter à la meilleure Banane Royale de l'univers. Ensuite, il m'a trainée dans un parc, probablement le plus magnifique en ville. Un endroit super romantique avec plein d'arbres qui nous entouraient. J'irai te montrer un jour. On a parlé, longtemps. De nos familles, de la vie. Quand on est parti de là-bas pour revenir ici, on a croisé Tu-Sais-Qui. Et... Elle s'est approchée de lui en l'appelant mon amour... et avant de l'embrasser... Je... Ils... Ils sont ensemble Maeva... Lui racontais-je avant d'éclater en sanglots pour la énième fois aujourd'hui. 

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