A la mort de sa mère, Coraline est placée en famille d'accueil bien loin de ses amis et son ancienne vie. Elle doit apprendre, seule, à trouver sa place dans un établissement où les évènements étranges et inexplicables s'enchaînent. Trouver sa place...
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A peine arrivée, les jumelles sautèrent dans mes bras. Je ne comprenais pas cette réaction qui me paraissait exagérée. Surtout quand, quelques pas plus loin, se tenait une Hanéia troublée. Avant que je ne puisse la questionner, les jumelles me lâchèrent et entreprirent de vérifier que j'allais bien. Je tentais de les rassurer mais elles continuèrent à me fixer avec un air de chien battu. Hanéia, toujours à bonne distance, nous invita à nous asseoir. Dans une tentative de changer de sujet, elle m'expliqua que cet endroit était leur QG et qu'ils s'y retrouvaient à chaque pause. C'était, en effet, un lieu agréable. Juste à l'orée de la forêt qui bordait la cour du lycée.
- Je ne comprends toujours pas comment on peut nous laisser accès à la forêt.
- Eh bien, ils n'allaient pas la raser ! Et puis ce ne sont que quelques mètres d'arbres et de verdure.
- Et il y a quoi après ?
- La terre y est plus régulière alors on y a installé nos terrains de sport.
- Quand tu dis régulière ...?
- Aussi plate que moi, plaisanta-t-elle.
Le petit groupe gloussa. Je remarquais du coin de l'œil que seul Kyan s'était abstenu. Il leva même les yeux au ciel en secouant le menton. Alors qu'il semblait prêt à la contredire, la jolie brune reprit la parole.
- Il ne reste pas beaucoup de temps avant le prochain cours mais Roan pourra t'y emmener un peu plus tard. C'est très calme et très reposant.
- Mais comment faites-vous quand il pleut ?, lui demandais-je, soucieuse.
Elle haussa un sourcil fin, une moue sarcastique sur le visage.
- Tu as peur de te noyer ?
Je rigolais franchement. L'ambiance était légère et cela faisait du bien après ce qu'il s'était passé ce matin.
- Non, c'est juste que dans mon ancien lycée... commençais-je, un sourire nostalgique aux lèvres.
Son regard se fit sombre et elle serra les poings. Le temps s'arrêta, l'air se fit plus glacial. Et pareil au tonnerre qui précède l'orage, elle s'écria :
- Arrête de comparer Sainte-Lu à ton ancien lycée, bon sang ! Ces deux n'ont aucun rapport. Le plus vite tu t'en rendras compte, le mieux ce sera pour nous tous.
Je la fixais, interloquée. Roan passa son bras autour de son épaule et lui intima de se calmer. Kyan avait le regard voilé mais c'était Roan qu'il fixait. Je n'osais plus bouger. Je comptais les secondes. Une minute entière s'écoula, personne n'avait bougé. Les jumelles avaient échangé un regard anxieux. Les phalanges blanches de Hanéia étaient appuyées contre ses yeux, son souffle se faisait bruyant. Elle finit par lever les yeux. Son visage avait repris des couleurs et ses yeux avaient repris leur teinte habituelle. Elle semblait désolée. Je secouais la tête, ne voulant pas entendre ses excuses. Elle avait raison. Tout le monde me l'avait dit. Je devais cesser de faire comme si j'étais encore chez moi. Ma vie avait changé, les règles avaient changé.
