Fleur de guerre

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Dans cette chambre vide, je me réveille avec l'impression d'avoir laissé défiler ma vie. J'observe autour de moi, espérant retrouver un indice qui justifierait ce pourquoi je suis ici. Mon dernier souvenir est celui de mon oncle, s'écroulant dans son hémoglobine au milieu du salon.

     Pourquoi maman n'est-elle pas à mes cotés ?
Lui est-il arrivé quelque chose ? Je n'ai le temps de me faire du mauvais sang qu'elle entre dans la pièce, le sourire à l'envers. J'essaie de lui parler mais les mots meurent sur mes lèvres. Elle me demande de me reposer, je veux comprendre ce qui est arrivé, mère semble déboussolée tel une bouteille à la mer, je ressens son coeur rempli de maux.

     Je l'ai toujours connu avec cette âme maussade qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler. Elle est ce que j'aime appeler, une fleur de guerre. Maman vient d'un pays dans lequel, du printemps à l'été 1994, le ciel pleurait du sang. Elle a passé la plupart des réunions de famille dans les cimetières, autour de corps froids comme l'hiver. Un dernier bisou sur le front, elle me dit qu'elle reviendra.

       Le temps passe, tout à coup, avec un cri strident, j'exprime une douleur au niveau de l'abdomen. Je déboutonne ma chemise de nuit pour découvrir une cicatrice toute fraiche.

Une femme en blouse blanche entre, sans même me regarder, remplace la pochette de perfusion et s'en va dans la précipitation. D'où vient cette blessure ? A-t-elle un rapport avec les derniers images que j'ai de mon oncle ?        À la recherche de répit, mes paupières s'étendent.

Larmes NoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant