Les cris, les encouragements, les hurlements de rage, de déception, de mauvaise foi, tout cela constituait des gradins de l'arène au milieu de laquelle Lucius se tenait debout. Arme à la main, le casque bien calé sur sa tête, du sang coulait le long de son bras musclé par les multiples combats gagnés.
Et c'est arrivé.
Tandis que l'homme imposant courait vers son adversaire pour lui asséner un coup des plus violents, une pression pesa sur son cœur, sur sa gorge. Il ne respirait plus bien. Était-ce dû au sable volant ici et là dans l'arène ? Il ne se posait même pas la question. Il n'en eut pas le temps à vrai dire.
***
Le souffle court, le cœur battant comme un fou, Valentin ne cessait de regarder derrière lui. Il avait survécu à ce saut ! Il l'avait fait ! Le sol était boueux -probablement dû à une récente pluie- ce qui manqua de le faire tomber une ou deux fois. Après une bonne dizaine de minutes de course, il s'attribua un repos. Alors qu'il s'apprêtait à s'arrêter, sa gorge se serra, son cœur suivant, il tenta de reprendre son souffle mais bientôt reçut un violent coup métallique dans le crâne, se retrouvant projeté dans un sable chaud sous les inspirations soudaines et choquées du public.
***
-AAAH !
J'abat mon épée sur le sol, celle-ci s'enfonçant dans la terre boueuse. Je regarde autour de moi. C'est calme, plein de verdure, on pourrait presque entendre les champs des oiseaux prôner la paix.
Mais qu'est-il advenu de l'arène ?
Je retire mon casque que je hisse sous mon aisselle, rangeant mon arme contre ma hanche. De toute ma vie, c'est peut-être la deuxième ou troisième fois que je vois un paysage comme celui-ci. Ça m'attendrit, mais je dois rester concentré. Où suis-je ? Je m'appelle Lucius, j'ai 24 ans. Je m'en souviens bien, de ça. J'ai rêvé ? Non, je suis gladiateur. Ou bien suis-je mort et en quête de l'entrée des Enfers ? Ce maudit soldat aurait-il eut raison de moi ?
***
-Ah putain-
Je me tiens les côtes. J'avais complètement oublié le fait que je me suis recousu il y a peu. Et je commence à me demander si je ne me serai pas arraché les points de suture. Je respire à travers mes dents serrées en regardant autour de moi. Je suis où, au juste ? Une arène ? Tout est silencieux. Plus personne ne parle à voix haute, tous murmurent dans les gradins. Un gladiateur ? Je regarde l'homme face à moi, debout, grand, massif, menaçant. Lequel attend l'ordre pour savoir s'il doit m'exécuter.
D'un simple signe. Un simple levé de main de la part du haut placé, l'épée du gladiateur se lève au-dessus de moi, s'abattant à toute vitesse tandis que je roule sur la gauche. Je n'ai pas le temps de me poser une quelconque question, je dois partir !
Je me relève maladroitement et suis à un rien de tomber plusieurs fois de suite. Je me rattrape de justesse, le sable ne m'aide pas beaucoup, à vrai dire. J'entre finalement dans le Colisée. Je cours jusqu'à trouver des escaliers, les cris de mécontentement reprenant dehors et les pas du gladiateur résonnant dans les lieux. Une fois en haut des escaliers, face à moi se trouve une grande porte. Au moins 4 fois ma taille. Je l'emprunte et me trouve face à une étendue de sable à perte de vue. Mais les pas du gladiateur ne s'arrêtent pas. Ils ne s'arrêtent pas, ils s'adoucissent. Je me tourne pour regarder où est-ce qu'il en est.
Et je suis étonné de voir une femme qui avance vers moi. L'air doux et amical au visage, le corps inerte du gladiateur sur le sol derrière elle:
-Salut, Valentin ! Me lance-t-elle avec un petit salut de la main.
***
Un jour, quelque part.

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Zéro
Mystery / Thriller"Il suffit d'y croire" Ce sont les derniers mots qu'a entendu Isaac, retrouvant, le lendemain, Valentin, son meilleur ami, pendu au lustre de son salon. Un texte de quelques chapitres traitant sur les problèmes d'Isaac et ceux qui concernent ses ami...