Mercredi 13 Novembre 2013.
« Tu ne joues pas aujourd’hui Matthew ?
- Non.
- Pourquoi ?
- ‘Pas envie.
- Tu sais qu’on est ici pour que tu joues, ou peut-être préfères-tu parler ?
- A part taper ma guitare contre le mur je n’ai rien envie de faire avec elle. Et je ne veux pas parler.
- Et le piano alors ?
- Je n’aime pas votre piano. »
John Winchester passa une main dans ses cheveux grisonnants et soupira discrètement. Bientôt 14 ans qu’il accompagnait Matthew en tant que psychologue.
Il avait installé son cabinet dans une petite maison inoccupée, au cœur du quartier résidentiel de Teingmouth. Bâtie avec 2 étages, la maison offrait la possibilité à John de faire du rez-de-chaussée son lieu de travail et des deux étages une partie privée où il résidait. La grande surface de son lieu de travail avait facilité son projet professionnel ; lier l’étude psychologique du patient tout en l’aidant à s’ouvrir et à s’épanouir par le biais de la musique. Par ce fait, une grande pièce à côté du bureau principal avait des murs isolant et entreposaient un piano imposant ainsi que quelques autres instrument tel qu’un violon ou une guitare folk.
La combinaison liant musique et confidences avait emballé Matthew dès son plus jeune âge et John n’avait pas eu de mal à commencer une thérapie avec le petit brun. Mais comme John s’y était attendu, avec l’âge Matthew avait de plus en plus de crises d’angoisse ou de chocs émotionnels qu’il ne voulait plus partager avec son psychologue, avait personne d’autre d’ailleurs. Aujourd’hui quand il avait vu le jeune homme entrer dans son bureau et l’air sombre de Paul qui l’accompagnait il avait rapidement compris que cette séance n’allait pas être simple.
En effet, depuis plus d’une demi-heure Matthew était assis sur un tabouret et tournait le dos au piano de John. Sa jambe tressautait rapidement et ses doigts s’acharnaient les uns contre les autres. John pu détailler une nouvelle fois l’état pitoyable des mains de Matthew ; si longues et fines, c’étaient de vraies mains de pianiste, mais si abimées. Sa peau était blanche et sèche, les ongles de ses doigts étaient tous rongés jusqu’au sang et dans son acharnement le brun arrachait les petites peaux qui dépassaient et saignaient. John aurait voulu arrêter ces doigts de s’écorcher, il aurait aimé prendre ces mains pâles et froides dans les siennes bronzées et chaudes. Il aurait aimé pouvoir nettoyer et soigner ces plaies. Mais Matthew était si distant, sa pathologie l’empêchant d’apprécier ou de ne serait-ce que supporter un contact humain inconnu. Alors John continua à l’observer. Le jeune homme semblait réfléchir à une tonne de choses à la minute, ses yeux bougeant dans tous les sens sauf dans sa direction. Evidement ceci étant fait exprès ; Matthew mettait un point d’honneur à ne pas rencontrer le regard de John. Il ne le regardait pas, ne lui parlait pas. Depuis le début de la séance le petit brun s’était muré dans un silence glacial. Leur seul échange ayant était rapide et cassant.
John voulait pourtant faire parler Matthew, du moins il voulait le voir exprimer quelque chose, ne serait-ce qu’une petite émotion, un état d’esprit, parce qu’il était dans le flou total. Quand il avait vu les deux frères arriver il avait compris que Paul aurait voulu prendre la place de Matthew et parler pendant une heure. Cela aurait bien arrangé John ; il aurait compris la situation et cette séance aurait été bénéfique pour au moins une personne. Mais tous les trois étaient ici pour Matthew et seulement lui. Alors John se résolu à essayer une nouvelle approche.
« Est-ce que tu aimerais me parler de quelque chose ? Est-ce que tu pourrais me raconter ta journée d’hier par exemple ? Dit-il doucement.
- NON ! »

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My Sweet Prince
FanfictionAsperger. Un seul mot peut rendre votre vie difficile et pénible. Un seul petit mot sur une ordonnance, dans votre dossier scolaire ou sur une carte de santé peut changer le regard des autres sur vous. Les gens sont cruels et l'adolescence terrifian...