Déclaration

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Lucas

Le regard inlassablement fixé sur la personne debout en face de moi, assis dans le canapé, je souriais légèrement en me remémorant la semaine qui venait de passer. J'avais l'impression constante de flotter au dessus de tout, les problèmes et les obligations soudainement devenus dérisoires face à l'existence du bonheur.

Car oui, depuis une semaine j'étais heureux. Le poids de mon passé sur mes épaules s'était diminué depuis que je l'avais partagé avec Lucie, et mes doutes, quant à sa réaction s'étaient révélés infondés.

Les yeux baissés sur mes mains, mon sourire avait disparu au souvenir de mon enfance. Légèrement, avec une infinie douceur, la petite main de l'être le plus cher à mes yeux se posa sur ma joue. Comme à mon habitude, mon ventre se contracta à son contact et je levais les yeux vers elle. Elle me souriait avec tendresse et je m'en voulu de ne pas parvenir à être aussi doux avec elle, qu'elle ne l'était avec moi. Alors, je levais ma main et recouvris la sienne de la mienne. Je gardais le contact visuel un moment avant de prendre sa main et de l'embrasser délicatement. Le sourire de Lucie s'intensifia avant qu'elle ne caresse mes cheveux. Chaque geste que faisait Lucie augmentait mon amour à son égard, et, aussi incroyable que cela puisse paraître, ça ne m'effrayait absolument pas. Je me trouvais chanceux de pouvoir l'aimer, chanceux qu'elle m'aime en retour, chanceux que cet amour ne fasse qu'augmenter jour après jour. Soudain, j'eu envie de l'embrasser. Je me levais, et ce mouvement fait, j'avais inversé les rôles. Ma copine qui auparavant me dominait de sa hauteur, se retrouva obligée de lever la tête pour conserver un contact visuel car je devais bien mesurer 25 centimètres de plus qu'elle.

Alors seulement, je me décidais de poser mes lèvres sur les siennes dans un baiser qui se voulait sensuel et délicat. Ses mains dans mes cheveux, les miennes autour de sa taille, je prenais plaisir à son contact en m'assurant qu'elle aussi. La chaleur que ses mains et sa bouche prodiguaient sur tout mon être enflamma le désir que je ressentais en permanence pour elle. Je tentais de lui faire comprendre en la pressant plus vers moi et en descendant mes mains plus bas que son dos, cependant, cela brisa le lien entre nos lèvres. J'ouvris les yeux pour constater qu'elle me regardait déjà, les lèvres gonflées et les joues rouges. Malheureusement, son sourire avait disparu pour laisser place à une mine inquiète et innocente. Ne rompant pas le silence installé depuis le début de notre échange, elle m'avouait sa peur à travers son regard, et je ne pouvais que la comprendre. Alors, je décollais mes mains de son corps pour les poser sur ses joues et embrasser furtivement ses lèvres avant de prendre du recul. Ses yeux brillaient du lueur nouvelle, et son sourire était réapparu sur son visage plus magnifique que jamais. Avant même que je puisse esquisser le moindre mouvement, elle me prit dans ses bras, collant sa tête contre mon torse et nous faisant basculer dans le canapé. Le choc me fit un drôle d'effet avant que je ne reçoive en guise de deuxième choc, le poids de Lucie sur mon corps. Elle me fit un sourire gêné avant de cacher sa tête dans mon cou. J'encerclais son corps de mes bras avant de bouger pour m'installer confortablement. Elle rigola légèrement quand ce mouvement la secoua, puis elle commença à faire des dessins sur le haut de mon torse.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans cette position, mais peu à peu, une question que j'avais envie de poser depuis un certain temps se frayait un chemin vers mes lèvres. C'était certes une question on ne peut plus cliché et qui risquait plus de l'exaspérer qu'autre chose, mais elle brûlait mes lèvres et je me sentais incapable d'y résister. Alors prenant mon courage à deux mains et par la même occasion, brisant le silence installé, je posais ma question fatidique.

-Pourquoi tu es avec moi ?

Les mots étaient peut être mal choisis mais le sens était là. Ma voix était rauque de n'avoir pas parlé depuis longtemps, mais mes mots n'avaient pas pu échapper à Lucie. Celle ci stoppa ses caresses un moment avant de les reprendre. Aucun mot n'était sorti de sa bouche pourtant je savais qu'elle me répondrait tôt ou tard. Je laissais mes pensées vagabonder plus ou moins loin, oubliant même si j'avais réellement posé la question. Mais une dizaine de minutes plus tard, la voix de la femme dans mes bras s'éleva en même temps que nos yeux se rencontraient.

-Tout à l'heure, quand nous nous embrassions, j'ai eu peur. Le geste que tu as eu, de poser tes mains sur mes fesses m'a rappelé mon ex. Je sais que tu es totalement l'inverse de lui mais ce geste, il n'y a eu que lui pour le faire. J'étais désolée de te couper dans ton élan, mais j'ai eu peur que ça aille trop vite, peur de coucher avec toi, peur de souffrir comme il me l'a fait en faite. Mais je sais que tu es différent. Tu me respectes, tu prends soin de moi, pour que je sois toujours à l'aise, que j'en ai toujours envie. Tu m'a charmé en un rien de temps. Non, à partir du moment où je t'ai vu, j'ai su que c'était trop tard, que j'étais conquise. Tu es la première personne que je rencontre qui est à la fois doux, fort et intelligent, et avant toi je ne savais pas que c'était possible. Je suis heureuse d'être avec toi Lucas, n'en doute jamais.

Son monologue m'avait fait autant de bien que de mal. Maintenant, à la place du doute, je ressentais une pression : j'avais la responsabilité du bien être de Lucie. Elle ne l'avait pas formulé de cette manière, mais cela revenait au même. Évidemment que j'étais heureux de cette responsabilité, mais je mesurais aussi l'étendue de mes devoirs à son égard. Puis, je me rendis compte que j'avais tort. Elle m'avouait ses sentiments, elle ne me disait pas qu'elle dépendait de moi. D'ailleurs elle m'avait avoué que c'était quelque chose qui l'effrayait plus que tout. Mon devoir n'était pas de la rendre heureuse, mais d'être en mesure que, par mon contact elle le soit. Cela faisait une grande différence car alors, mon seul devoir était celui d'être à ses côtés, honnête et bienveillant plutôt que d'être un garde du corps plus paternel qu'amoureux.

Cette évidence mis en avant, une certitude se frayait peu à peu un chemin dans mes pensées. J'aimais Lucie, d'un amour encore naissant, mais bien plus profond que ce à quoi j'aurai pu m'attendre. Et cette certitude devenait pressante, demandait à être exposée au monde. Malgré tout, jamais je n'avais avoué mon amour pour quelqu'un d'autre que ma grand-mère.

-Lucie...

Je prenais une grande inspiration, j'avais peur et je tremblais légèrement.

-Je t'aime.

Elle qui m'avait regardé pendant ce moment de lutte intérieure était devenue rouge et sa bouche était légèrement ouverte dans un geste de totale ébahissement. Moi qui ne l'avais dit qu'une seule fois au cours de ma vie, était le premier de nous deux à le dire à l'autre. Et j'en étais fier.

Lucie me regarda un moment ébahie, puis la tendresse redevint maîtresse sur son visage avant qu'elle ne m'embrasse chastement et reprenne sa place dans le creux de mon cou. J'étais heureux qu'elle ne se sente pas obligée de répliquer, ce qui aurait été moins personnel.

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