Contrairement à ce que laisse supposer mon nom, je suis une jeune femme tout à fait normale qui se fond tant bien que mal dans la société française.

J'ai grandi au milieu des cigales sous un soleil éclatant, heureuse au sein d'une famille aimante bien loin du stress citadin et des problèmes du monde. Mon avenir, je le voyais en tant que prof de français dans mon lycée. Pourquoi partir de cet endroit où j'étais si heureuse?

Un peu trop bonne à l'école, on m'a dit que je valais mieux que çà que le "vrai" monde s'ouvrait à moi. 

J'ai quitté mon cocon provincial à 18 ans pour la métropole méditerranéenne où je pris conscience de l'existence du "vrai" monde, celui qui crée de la richesse qui parle anglais et qui porte des sacs longchamps. 

Après un passage par le Grand Nord, je me suis installée à la Capitale où je me suis mis à mon tour à faire partie du "vrai" monde. Employée disciplinée d'une grande entreprise américaine, je fais des réunions en haut des tours, je parle anglais, je cours dans le métro, j'ai une place en première dans les trains. Le soir incognito depuis mon bureau, je regarde la Tour Eiffel qui scintille avec les yeux toujours émerveillés de la petite sudiste que je suis restée. 

Côté vie privé, j'ai un mari formidable, le prince charmant dont on rêve tous : beau, élégant, intelligent et immensément gentil. 

J'ai une vie telle qu'on la voit dans les pubs à la télé ou sur papier glacé dans les magasines. Le mieux que le "vrai" monde ait à offrir. 

Le problème c'est que le "vrai" monde, je ne suis pas sûre qu'il soit mieux que les autres. Il est injuste, il est froid, il est déshumanisé. Alors le soir lorsque je rentre chez moi, je prends mon carnet d'écrivain, celui qui a été markété exprès pour les gens comme moi et je crée mon monde à moi.