Les rêves, ces éclats d’espoir dans un monde d’obscurité, nous poussent à avancer, mais ils ne sont que des mirages cruels. On nous enseigne depuis l'enfance qu'ils sont à portée de main, qu'ils sont la récompense de nos efforts acharnés, de notre détermination. Pourtant, au fur et à mesure que nous nous en approchons, ils s’éloignent toujours davantage, se dissipant comme une brume au lever du jour. Chaque pas vers eux semble en vérité nous en éloigner, comme si notre désir même les nourrissait de leur insaisissabilité.
L’illusion de l’accomplissement est une farce. Nous croyons que, si nous nous accrochons assez fort, si nous supportons la douleur, le sacrifice, la solitude, nous atteindrons un jour cet idéal. Mais plus nous luttons, plus le rêve devient une prison, un fardeau. Chaque échec nous écrase un peu plus, chaque avancée semble être une marche vers un abîme, où la réalité, froide et implacable, nous attend. Le rêve ne meurt pas ; il persiste, comme une cicatrice qui refuse de guérir, nous rappelant constamment ce que nous ne serons jamais.
Et peut-être est-ce là le véritable visage de la quête : une course sans fin, où l'on se consume, où l’on s’épuise, où l’on abandonne un peu de soi à chaque souffle. Car au bout du chemin, l’ombre du rêve est toujours là, nous narguant, nous défiant. Elle se rit de notre foi, de nos sacrifices, et nous laisse dans cette même obscurité, plus perdus qu’avant. L’espoir que l’on place en lui devient alors une condamnation, une spirale sans issue.
Au fond, ce n’est pas la réalisation du rêve qui nous attend. C’est l’acceptation que l’on ne pourra jamais l’atteindre. Cette vérité brutale et amère, qui nous ronge lentement, est peut-être la seule réalité à laquelle on peut vraiment se raccrocher. Nous n'atteindrons jamais ce que l'on désire, et c'est ce manque, ce gouffre, qui finit par définir notre existence.
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