YOU AND I ও markhyuck

ᵉᶤᵍʰᵗʰ ᵉᶜˡᶤᵖˢᵉ

Aucun sourire lumineux, aucune musique inspirant la joie, aucun chant de fête, aucun rire éclatant, aucun applaudissement assourdissant, aucun plat succulent, aucune grande table aux nappes splendides, rien, juste rien.

En le croisant, on lâchait un discret ''joyeux anniversaire'' avant de poursuivre sa route, le visage fermé.

Ce n'était même pas le fait qu'il n'y ait pas de fête en son honneur qui attristait le jeune prince, mais bien la glaciale atmosphère qui régnait dans le cœur des Solariens et sur toutes les terres de feu.

La reine lui avait embrassé la joue et offert une part de gâteau orangée. La taille de cette dernière était ridicule mais le châtain ne s'en plaignait pas, il avait au moins ça.

De la fenêtre de sa chambre, dont le verre avait été renforcé, il regardait les soldats alignés, une arme dans leurs mains tremblantes, et leurs regards perdus dans le vide. Ils devaient sûrement avoir peur, les Luniens n'avaient pas attaqué la précédente éclipse, mais cette fois, que leur réservaient-ils ?

Il voyait aussi certains soldats qui semblaient bien plus frêles, bien plus jeunes. Lui avait aujourd'hui quinze ans, et s'il n'était pas le seul héritier au trône, il serait avec eux, en bas, la poigne ferme sur l'arme, prêt à faire couler le sang.

Il frissonna à cette pensée.

S'il n'avait pas été prince, il aurait dû combattre, risquer sa vie, et détruire celle de ses ennemis.

Peut-être même qu'il aurait combattu Mark.

Mark. Le jeune garçon aux cheveux aussi sombres que les méandres de l'univers était bien le seul qui faisait que cette journée n'allait pas être si horrible, car il allait le voir.

Le prince de l'astre ne savait pas encore comment, mais il le rejoindrait.

Ce n'était même pas par envie, mais pour une raison vitale. L'ébène lui était vital. Il était celui qui illuminait sa vie. Et illuminer la vie d'un habitant du Soleil n'était pas ordinaire.

Johnny et d'autres gardes étaient derrière sa porte, l'horloge n'ayant même pas encore sonné.
Ils jetaient des coups d'œil dans la chambre de temps à autre afin de vérifier la présence de l'adolescent.

Évidemment qu'il était là. Où pouvait-il aller ?

Il tournait en rond dans la pièce couleur or.

Son cœur battait à tout rompre à ses tempes.

Il lui fallait trouver une solution et vite, l'éclipse allait commencer.

Rien, il ne trouvait rien. Aucune faille, aucun passage à sa portée.

Et les coups de l'horloge se mirent à résonner.

La musique se joint à eux, torturant encore plus le jeune garçon.
Il la détestait cette musique entêtante et l'aimait plus que n'importe quelle autre en même temps. Elle le brûlait de l'intérieur et l'emplissait d'une joie incommensurable. C'était le signal, celui de rejoindre le Lunien.

Sauf qu'il ne pouvait pas.

Alors la mélodie se déchaînait, frustrée.

Elle le rendait fou, il devait sortir.

Elle tapait dans son crâne, son cœur, le mordait de l'intérieur.

Elle le consumait.

Désespéré, il la laissa faire, de tout de manière, il ne savait pas comment l'arrêter.

Il se mit à pleurer, assis sur le sol.
Il se sentait si vide.

La symphonie continuait à s'immiscer au plus profond de lui, toujours plus forte et violente.