C'est toi que j'aime {REMADORA}

vingt-neuf

- Albus, j'espère que tu ne nous en veux pas de faire notre petite cérémonie avant ton vrai enterrement. Je voulais que tu saches ce que tu as représenté pour nous. Je... Je voulais te dire beaucoup de choses, mais tu ne m'en as pas laissé le temps. J'imagine que c'était fait exprès... Je ne vais pas faire une grande éloge funèbre, parce que c'est pas trop mon truc, c'est... C'est plutôt le truc de Remus, mais je pense que si je lui fait lâcher la main de Tonks, il va s'évanouir. Ou me tuer. Peut-être même les deux.

Des petits rires résonnèrent dans le bureau de Dumbledore. Minerva McGonnagall sourit péniblement, les yeux rougis. Tonks serra un peu plus fort la main de Remus, et Maugrey reprit son discours.

- Alors je voulais te dire merci. Merci d'avoir donné une chance à chacun d'entre nous, d'être allé plus loin que les apparences, d'avoir vu le bon. Merci d'avoir osé te lever contre Voldemort, d'avoir fédéré des hommes et des femmes amoureux de la liberté, merci pour... Pour avoir créé un foyer où chacun de nous a mûri, a... Enfin, Rubeus !

Hagrid se moucha bruyamment dans un nappe, et essuya ses larmes.

- S'cusez, Alastor. Vous... Continuez.

- Je... reprit Maugrey d'une voix étranglée. Oh, et puis merde ! Je peux pas, là...

Il écrasa rageusement les larmes qui coulaient sur son visage couturé de cicatrices, les épaules tremblantes.

- Merde, hoqueta-t-il. King, prend ma place, dit-il en se précipitant vers un fauteuil, où il resta prostré.

Tonks serra les lèvres, le menton tremblant. Dumbledore était le meilleur ami que Maugrey ait jamais eu, et voilà qu'il était mort. Elle sentit les larmes arriver, et les refoula aussitôt. Puis elle leva les yeux vers le visage de Remus, baigné de larmes. Et les siennes coulèrent sans qu'elle ne les retiennent.

- Albus, fit Kingsley de sa voix grave, tu étais bon. Tu aimais le chocolat, les bonbons étranges et les feux d'artifices. Tu aimais la joie, tu aimais les rires. Tu faisais du bowling avec Filius dans les couloirs, et tu apprenais à danser aux professeurs la veille de la rentrée. Tu écoutais les élèves, et tu t'amusais à imiter leurs manies. Tu arrivais square Grimmaurd chargé de paquets, et tu adorais nos sourires devant tes cadeaux souvent stupides, complètement inutiles et toujours offerts avec amour. Tu as appris à faire du tricot, et tu aimais rempoter les mandragores. Tu aimais voir les photos que faisait Fabian Prewett, écouter Lily Evans et Marlène McKinnon te raconter leurs mésaventures à King's Cross et Sirius Black réparer sa moto. Tu aimais cacher des  cuillères dans la galette des rois, me faire croire que tu avais rencontré le père Noël et surtout, surtout, tu aimais la vie. Merci, Albus. Et pardon de ne pas avoir vu les complots.

Kingsley posa une main sur le cercueil, les yeux embués, et alla se placer derrière Maugrey. Il posa une main sur son épaule, mais Maugrey ne la sentit certainement pas, dans sa bulle de douleur.

Un à un, les membres de l'Ordre vinrent poser une main sur le cercueil, dans un silence endeuillé parfois rompu par des reniflements. Tonks vit McGonnagall, Kinglsey, Hestia, Dedalus, Arthur et Molly Weasley, Sturgis Podmore, Elphias Doge, Bill Weasley et Fleur Delacour, Hagrid, Charlie Weasley... Lorsque ce fut son tour, elle posa deux doigts tremblants sur le bois verni et murmura :

- Merci de m'avoir fait venir ici. Et pardon pour nos disputes.

Tonks s'effaça pour laisser la place à Remus, et s'approcha de Maugrey. Elle eut les larmes aux yeux en voyant les cernes de son mentor, ses yeux bouffis, sa lèvre tremblante. Elle le serra dans ses bras, essayant de faire passer tout son réconfort dans cette étreinte. Elle tapota maladroitement le dos de l'Auror, toujours sans un mot. Lorsque les douleurs sont sourdes, le réconfort est muet.