Hey, Kevin.
Pourquoi n'es-tu pas sur les pistes?
Pourquoi ne taquines-tu pas le taureau comme tu le fais depuis tout petit ?
J'ai cette image dans la tête, et pourtant je n'ai rien vu. Juste lu des articles qui racontaient, juste cette dame à l'enterrement qui me l'a racontée sans savoir qui j'étais. Juste mon imagination trop fertile qui n'arrive pas à visualiser un Kevin immobile, une scène aussi violente.
Impossible.
Alors, réponds-moi, maintenant, mon frère. Ça fait trop longtemps que je n'ai plus reçu de réponses.
Je sais que je n'ai aucune légitimité à dire que tu me manques. Je ne t'ai pas connu toute ma vie. Merci, papa. Mais j'ai pu voir à quel point tu étais exceptionnel lorsque je t'ai rencontré. J'ai pu voir à quel point tu étais aimant, passionné, désintéressé. Entier.
Je suis tellement heureuse et meurtrie à la fois d'avoir eu la chance de te connaître, d'avoir assisté à tes courses, d'avoir souhaité quelques anniversaires... Je sais que je n'ai pas été exemplaire.
Et tous ces gens, à l'enterrement... Ces gens qui t'aimaient, qui te connaissaient, qui t'acclamaient... Les hommages, dans la presse, ce dernier tour de piste dans un cercueil aussi blanc que l'était ton costume de raseteur... Cette musique qui résonnait, que j'aimais, et qui n'aura désormais plus jamais la même connotation, cette musique merveilleuse qui me fera toujours pleurer et repenser à ce dernier tour de piste, ce dernier hommage, ces derniers applaudissements, ces larmes sur le visage de tous les gens qui sont venus te voir une dernière fois...
Je ne sais pas comment ma soeur a fait pour venir te voir avant qu'ils ne referment ton linceul, mais elle a dit que tu étais beau. Que tu avais l'air paisible.
Et je pleure parce que je sais que tu ne me répondras plus jamais...
Joyeux Noël, Kevin.
Adecias.
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We fell silent
General FictionUn recueil de textes personnels. « Vous ne pouvez pas comprendre Vous qui n'avez pas écouté Battre le cœur De celui qui va mourir. » Charlotte Delbo