Sherlock

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Ils se connaissaient à peine, il fallait bien garder ceci en tête. Mais il lui faisait confiance, c'était comme un instinct, une sorte de seconde nature qui ne fonctionnait que pour l'homme en face de lui. Ils s'étaient liés d'amitié naturellement. Rien ne pouvait laisser présager que ça arriverait mais ce fut le cas. Et ils s'entendaient mieux que bien.

Benjamin ne comprenait pas pourquoi Pierre lui faisait une offre pareille. Travailler avec lui, ouvrir sa propre chaîne et surtout s'essayer sur sa communauté...c'était une sorte de mise en danger. Même si le blond lui avait assuré qu'il ne perdrait pas ses abonnés pour leur avoir présenté un inconnu, il ne se sentait pas à l'aise avec l'impression de « quitte ou double » que cela lui laissait.

Sans s'arrêter ici, le lorrain l'avait aidé, il avait été son premier public et il avait monté ses premières vidéos. Et le brun, lui s'en voulait terriblement, il se sentait tellement coupable de ne pas être capable de lui montrer sa reconnaissance. Ben n'était pas froid, il avait du mal à exprimer ce qu'il ressentait mais pour les gens en général, ça ne faisait pas grande différence parce que le résultat était tout pareil. Alors il l'avait simplement invité au restaurant et pour être sûr de ne pas se tromper, il l'avait laissé choisir.

Ils étaient allés dans un établissement que Pierre connaissait parfaitement et il avait visiblement ses habitudes. Lorsqu'ils passèrent la porte, c'est le patron qui vint les saluer et les installer.

-Pierre ! On t'attendait, ça faisait longtemps. Je vois que tu n'es pas venu seul.

Benjamin toussa, un peu gêner. Comment quelqu'un pouvait sous-entendre autant de chose dans une simple constatation ? Pierre avait rougi cependant il n'en était pas certain parce que celui-ci se déplaçait juste derrière le patron et que lui se trouvait plus à la traîne. Ils progressaient silencieusement entre les tables et lorsqu'ils stoppèrent leur marche, le parisien ne put s'empêcher de remarquer que celle qu'on leur avait attribué était la seule avec une nappe blanche et qu'elle se tenait plus à l'écart.

-C'est notre meilleure table, ici, personne ne vous dérangera.

Le chef du restaurant fit un clin d'œil appuyé à Pierre et pris la fuite alors que Ben s'égosillait déjà :

-On est collègue !

Son ami ricana et Ben lui lança un regard noir. Il ne fallait pas que ça commence ainsi. Il devait bien admettre tout de même que ça ne le dérangeait pas plus que ça...En fait il était plutôt flatté, le blond était très beau, il avait des yeux bleus océans profonds, il était drôle, gentil, intelligent et doté d'un sourire à faire céder la terre entière à n'importe lequel de ses caprices...il était charismatique. Tout simplement, Pierre était charismatique. Il se rendit compte qu'il laissait son regard se balader sur le visage du plus jeune depuis trop longtemps pour être décent. Il se concentra sur la carte mais maintenant qu'il se posait des questions, elles l'obséderaient, il choisi d'en formuler au moins une :

-Tu as une copine ?

Le lorrain paru assez surpris de l'interrogation soudaine mais un mince sourire satisfait orné son visage et Benjamin se demanda s'il avait bien fait de demander.

-Une copine ? Pas vraiment mon truc, non.

-Très bien.

C'était bizarre, ça devenait gênant, le parisien se fustigea d'avoir rajouté un pauvre « très bien » qui pouvait laisser sous-entendre qu'il appréciait la réponse...est-ce qu'il appréciait la réponse ?

-Un copain alors ? Se serait pas un problème.

Pierre ria, se grattant la joue, et répliqua qu'il savait que ce n'était pas un problème mais que non, il n'avait pas de copain. Et Ben n'avait pas vraiment entendu ce qu'il avait dit, trop occupé à formuler dans sa tête de nombreuses remontrances contre tout ce qui le poussait à se montrer aussi curieux. Un silence s'installa alors qu'ils contemplaient les cartes. Des menus italiens s'offraient à lui, italiens touristiques du genre : différentes types de pâtes ou des pizzas et glaces (même pas des gelato) mais italiens quand même. Le parisien n'arrivait pas  vraiment à focaliser son attention sur les ingrédients qui composaient la sauce carbonara ( qui faisait souvent la différence entre un vrai restaurant italien ou un faux), il levait ses yeux  noisettes trop souvent pour observer l'homme en face de lui...pourrait-il sortir avec lui ? Avoir un rencart ? Et bien, s'il réfléchissait bien...oui.

What If...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant