Le Monstre de St-Nicolas

I

Il y'avait un monstre chez nous, à St-Nicolas.
Un monstre qui surgissait de l'ombre chaque nuit de pleine lune et qui n'y revenait qu'au petit matin, sur son passage les traces de la mort ; portes défoncées, trainées rouges , cadavres déchiquetés, cadavres de ceux qui avaient eu la malchance d'être pris comme cible quand la chasse avait été lancée.
La chasse à l'homme.

Il y'avait un monstre chez nous, à St-Nicolas. Une bête diabolique que l'enfer a recraché de ses entrailles enflammées pour hanter notre petit village. Son rôle ?  Envoyer les impénitents au purgatoire éternel, du moins, c'est ce que ma mère disait.

Ma mère était soeur dans l'église à l'orée de la forêt flanquant le petit village des quatres côtés, cette forêt même où le monstre avait élu domicile.
Cette forêt même que je me verrai traverser quand le temps sera venu, pieu à la main, croix du Christ dans l'autre.

Ma mère était persuadée qu'il était l'ange de la mort, déguisé sous la carcasse d'une bête noire velue qui marche sur ses deux pieds comme nous, les humains. Envoyé par le Tout-Puissant pour nettoyer les salissures humaines.. Jusqu'à là, ses victimes n'étaient que des impies, d'où le raisonnement radical de ma mère.
Vois-tu, Marilena, Dieu n'aime pas être contrarié ..Mais tu n'as pas à avoir peur, ma petite. Si tu aimes Dieu, Dieu t'aimera. Dieu est bon, Dieu est juste. Le monstre ne te fera pas de mal.

Tu avais raison, maman. J'aimais Dieu, j'aimais prier, j'aimais l'église du village ainsi que nôtre prêtre qui était un homme bien. Tout comme moi, il aimait Dieu, se dévouait à lui, c'est pourquoi il survécut, c'est pourquoi la bête l'épargna.
Mais toi maman ? aimais-tu vraiment Dieu comme tu le prétendais ?