Ma mère fût retrouvée le jour suivant sous un arbre, à la lisière de la forêt maudite, loin de la maison. Il lui manquait la totalité de la gorge et une grande partie du bras droit. Tout autour d'elle, du sang et des empreintes animales qui avaient pourtant quelque chose d'humain.
Maman, pourquoi m'as-tu caché la vérité ? Pourquoi ne m'as-tu jamais parlé du monstre ? Pourquoi ne m'as-tu jamais dis que tu le connaissais ? Que tu l'aimais ?
Les choses que tu n'arrêtais de répéter en boucle n'étaient que des mensonges, pas vrai ? Que c'était un ange de la mort, qu'il ne punissait que les infidèles, que Dieu nous aimait.. ? Ce n'était que des sottises que tu as inventé pour me rassurer ?
Ou plutôt, pour te rassurer, toi ?
Mais sache que depuis que je t'ai vu sous cet arbre, morte et froide, je me suis fixée le but d'éliminer ce monstre, ce monstre que tu aimais, maman.
Je te vengerai, toi et les victimes qu'il a massacré comme il vient de te faire.
Je le promets.La nuit qui suivit les obsèques de ma mère, je m'habillai contre le froid et sortis de la maison, crucifix et pieu à la main.
J'allais le tuer.La lune n'était pas encore visible dans le ciel dépourvu d'étoiles mais je savais qu'elle ne tarderait pas à apparaitre, elle et le monstre auquel le pieu de bois était destiné.
Mon coeur.. S'il te plaît.
La forêt était obscure, silencieuse, froide. J'avançai avec précaution, armée à la foi par le pieu et par ma détermination. Le crucifix, c'était pour me donner du courage.Quelques minutes plus tard, j'arrivai devant le lac qui coupait les terres en deux et m'arrêtai, mes bottes touchant l'eau boueuse.
C'est alors que je le vis, là, en face de moi.
Grand et poilu jusqu'aux chevilles, long museau humide, yeux jaunes et brillants dans sa face de loup.. Et ses mains.. énormes, bestiales, cruelles.
Le monstre se tenait sur ses pattes arrières, comme nous, les humains. Il me fixait, je lui rendais son regard.- Je suis là pour te tuer, monstre.
S'il te plait..
- Tu as tué ma mère.
Aucune réponse.
La bête m'observait de l'autre rive, son souffle chaud se condensant dans l'air. Il grognait.Mon coeur..
Je levai le pieu et enfin, il réagit à la menace. Ses mains meurtrières devant lui, il fonça sur moi, claquant férocement ses mâchoires, prêtes à me broyer la gorge.
Mais je ne me laisserai pas faire.Je t'en supplie.. !
Il bondit sur moi. Le pieu se nicha dans sa poitrine. Il recula, vacilla, puis.. Je m'écroulai sur le sol, le pieu enfoncé dans le coeur.
Il y'avait un monstre chez nous, à St-Nicolas.
Et c'était.. Moi.
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Le Monstre de St-Nicolas
Kısa Hikaye{ Il y'avait un monstre chez nous, à St-Nicolas. Un monstre qui surgissait de l'ombre chaque nuit de pleine lune et qui n'y revenait qu'au petit matin, sur son passage les traces de la mort ; portes défoncées, trainées rouges , cadavres déchiquetés...