𝖰𝗎𝗂𝗍𝗍𝗈𝗇𝗌 𝖼𝖾 𝗍𝗋𝗈𝗎 𝗉𝖾𝗋𝖽𝗎 [ 𝖪𝗎𝗋𝗈𝗈 𝗑 𝖮𝖼 ]

Chapter 4

"Un camping?" murmurais-je et je pouvais voir du coin de l'œil Kuroo rouler des yeux, partagé entre l'agacement et l'embarras.

   "Un foutu camping? C'est là que tu nous amènes après qu'on fugue du trou? T'es pas sérieux j'espère?" pestais-je à voix basse, consciente qu'il y avait des gens autour de nous. Me tournant de dos à Kuroo, je pose les paumes de mes mains sur mon front et me remémore ce que j'avais fait.

J'avais giflé ma mère, emporté la voiture de mon père, pris la route avec mon meilleur ami sans même se soucier du manque de ressource ou autre et voilà que je me trouvais ici, dans un foutu camping. Je déglutis, sentant mon ventre gargouiller alors que j'essaye de respirer convenablement, idée perdue d'avance. J'étais nauséeuse et je sentais que ma tête allait exploser. Je n'avais pas réfléchi. Je l'ai seulement suivi sur un coup de tête. Ressentait-il le même désespoir que moi? Est-ce que Kuroo avait réalisé ce que j'avais l'impression qui allait s'arriver? À moins qu'il soit toujours optimiste? Je sens une de mes mains se détacher de mon front, avant d'être enveloppée d'une douce chaleur.

Je me retourne vers Kuroo et croise son visage à l'expression confiante. Sa main était enveloppé dans la mienne et je regardais avec suspicion son index, qui formait des cercles sur la paume de ma main.

   "Ne t'inquiètes pas. Tout est sous contrôle"
me dit-il et je fronce des sourcils, le jaugeant avec méfiance.

"On vient de quitter notre ville natale. On a tout les deux 18 ans et on était dépendants de nos parents jusqu'à pas longtemps. Jusqu'à maintenant je dirais" lui dis-je, ne pouvant m'empêcher de réprimer ma préoccupation.

   "Oy! J'ai tout sous contrôle" me dit-il et je n'arrive pas à avoir la moindre réaction, cernée par son regard de chat.

   Pour détruire encore plus mon incertitude, il pose un baiser sur mes lèvres, mes doutes s'envolant en fumée par ce simple geste.

   "Les enfants, j'ai pas tout mon temps" nous indiqua le propriétaire du terrain. "Vous allez payer ou pas?" nous demande-t-il et Kuroo arbore un sourire poli, lui glissant l'argent nécessaire.

"Je te le jure, si on meure autour de hippie, dans ce camping, par une bande d'ours, je te fais ta fête" murmurais-je et il pousse un rire nerveux pour seule réponse.

   Peu après, le propriétaire nous dirigea vers notre terrain et nous expliqua les règles, dont je me voyais peu enclin à suivre, surtout quand il parla de l'interdiction de fumer, règle qui semblait plaire à Kuroo.

   C'est comme ça que nous finîmes par nous installer sur ce terrain, une petite tente à nos côtés, assez suffisante pour nous couvrir les deux, moi et Kuroo, bien que je doute qu'elle soit utile si un ours venait nous attaquer en pleine nuit. Le tissu de la tente était aussi fragile que du papier.

   Nous rencontrâmes plusieurs personnes, nos voisins de tente pour tout dire et tous semblaient être des bûcherons tout droit sortis d'un de ses films des années 2000. On aurait vraiment dit que nous étions dans un endroit complètement rustique et rural, c'était comme si le fait que notre ville natale se trouvait à quelques vingtaines de kilomètres d'ici n'était pas vrai et que nous étions complètement isolés de l'autre monde.

   Mon cerveau semblait aussi s'être reprogrammé, supprimant les choses inutiles qui comblaient mon ancienne vie.

   C'est à peine si je me rappelais des noms de mes camarades de classe, qui n'avaient, sûrement pas, eux aussi, remarqués notre absence.

Pas que nous n'étions pas connus tous les deux. Capitaine de volley, le seul fait que je sois son amie d'enfance m'avait mise sous les radars, surtout si on n'ignorait pas le fait que ma beauté, que je qualifiais de normale, rendait les gars du lycée hystériques.