Chapitre 19 ~ Feel This.

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Harry se réveilla, si on peut dire, car il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, en sursaut. Un bruit fracassant venait de résonner dans toute la maison. Il se leva précipitamment et rejoignit le salon pour y découvrir un cadre explosé en mille petits bouts de verre étalés sur le sol.

Le bouclé frotta ses yeux encore légèrement collé par le manque de sommeil et regarda autour de lui pour trouver un signe quelconque qui donnerait une raison valable à ce fichu cadre de décoration d'être soudainement tombé. Il s'agenouilla et ramassa à la main chaque petit bout de verre.

Il les serra dans ses doigts comme pour se faire mal volontairement, comme si son âme, son inconscient voulait qu'il ait mal. Mais plus il serrait dans ces grandes mains ces petites pointes de cristal plus la souffrance qu'il ressentait à leur contact ne lui faisait plus rien. Aucune réaction, aucune douleur, le néant.

Il se releva, trop vite apparemment puisqu'il fut pris d'un léger vertige, avant de rejoindre la cuisine pour y jeter tous les éclats qu'il avait pu rassembler. Il regarda ses mains et se laissa glisser contre le plan de travail. Il fixait longuement ces deux grandes mains que son petit-ami raffolait voir sur son corps, ces mains qu'il aimait passer dans les cheveux châtain clair de Louis, ces mains qui n'avait pas une seule coupure, pas une seule égratignure.

Une seule question lui vint à l'esprit. Pourquoi ? Ou plutôt, comment ? Comment est-ce possible ?

Il avait fait exprès de serrer dans ses mains ces bouts de verre, il voulait y voir du sang, il voulait avoir mal physiquement pour l'espace d'un instant oublier son mal psychologique.  Mais rien. Rien du tout. Comment était-ce possible ?

Toujours, quand on casse quelque chose et qu'on veut ramasser celui-ci on se coupe involontairement se maudissant par pensée, s'injuriant entre les dents serrés par tant de douleur comme de fines aiguilles rentrées par dizaine d'un coup dans ton corps, dans ton cœur de n'avoir pas fait plus attention que ça en nettoyant.

Mais là, au contraire, Harry avait voulu provoquer ce même mal, mais il avait surement trop persécuté le destin, qui lui avait rendu la pareil en lui infligent une douleur encore plus fort à l'intérieur.

Il resta assis quelques minutes, ou quelques heures qui sait, regardant ses mains, frissonnant en sentant se déverser ses larmes le long de ses joues avant de s'écraser contre son cou. Pleurer c'est encore la seule chose qu'Harry savait faire.

Quand Louis était parti en furie de chez lui la veille, il ne savait pas pourquoi. Encore cette fichu question. Pourquoi ?

Mais quand quelques heures plus tard il comprit en voyant son téléphone clignoter lui indiquant un message non lui que Louis avait surement vu le destinataire du message, il ne lui restait plus que ça, ses larmes, ses pleurs, ses quelques « désolé » murmurés à lui-même. Il lui avait promis de ne plus lui parler. Mais il avait céder à la tentation, même si c'était pour lui demandé de ne plus lui parler, Harry avait répondu à Nick, mais surtout, Harry avait menti à Louis, qui savait déjà la vérité. Une double trahison.

Louis se réveilla, si on peut dire car lui non plus n'avait pas fermé l'œil de la nuit, dans les bras de Zayn. Laissant tout d'abord ses prunelles bleues s'habituer à la lumière du jour le frappant brutalement via l'espace entre les rayures des volets de la chambre du métisse.

Après quelques instants il releva doucement sa tête, qui paraissait si lourde, lourdes de tristesse, de questions, de regrets, de remords, et regarda son ami qui dormait toujours à point fermé. Il essaya de se remémorer la soirée de la veille pour comprendre comment avait-il pu finir ici, dans sa chambre, dans son lit, dans ses bras à ce pakistanais qu'il aimait tant.

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