Chapitre I : Un Départ Précipité

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Renens : 20 Décembre 2020, 17:25, Gare de Renens VD
      
-Aller Sam grouille il est là ! 

-Oui oui j'arrive j'arrive, laisse moi juste le temps de prendre l'argent et je suis là ! 

-Mec on commence à y aller dépêche toi ! 

-Mais attendez ! C'est bon j'arrive... Ils sont où ?! Aller Sam dépêche toi, qu'est ce qu'Antho a dit déjà ? Ah oui le quai 1, aller go ! Je vais éviter d'aller vite sinon je vais péter les bouteilles. Bon alors ils sont... Là, j'arrive j'arrive !
-Aller vient

          Nos trois personnages ont rejoint le train pour la Gare Cornavin in extremis! Fatigué par leur légère course et sous la demande de Martin, ils s'installèrent à l'étage du wagon 12 du TGV. S'installant au bout du wagon, proche d'un escalier qui mène directement aux autres cartes et aux portes du train, ils prirent une pause en étalant soigneusement leurs affaires sur un quatuor de sièges. Tandis qu'Anthony occupait un siège d'un quatuor de sièges voisin, Martin et Samuel s'installèrent sur le même quatuor, donnant sur les Alpes et le Lac Leman, Martin côté couloir siège de droite, Samuel côté fenêtre siège de gauche. Alors que nos compères anglophones engagèrent une discussion quand au jeu de rôle qu'ils venaient d'achever, Samuel, contemplant le paysage nocturne de Renens, déposa finalement ses yeux sur son sac, inquiet de l'état des bouteilles de vin que Lucie et Laure lui avaient offert quelques minutes plus tôt. Soulagé, il continu à fouiller son sac, à la recherche d'une lettre, lettre finement décoré et préparé par Line. Samuel touchait pour la deuxième fois une enveloppe d'un style ancien, vintage, dont le papier bruni secrètement par une flamme et du café froid accueillait en sa symétrie un cachet de cire étrange, mais sacrément authentique. Il ouvra soigneusement l'ouvrage avec autant de délicatesse qu'un sculpteur antique ou qu'un peintre flamand du XVIème siècle, avant de saisir une lettre du même style. Anthony et Martin remémorent ensemble, dans la langue de Shakespeare, les actions les plus désastreuses, les plus drôles et les plus épiques des personnages du jeu de rôle de Théo. La persuasion complètement raté de Martin, l'indiscrétion total d'Isaac, Genesys qui fait "ohé" à des monstres pour attirer l'attention, la jeune vendeuse de pomme qui a faillit voir des pommes, Alinéore qui fait un malaise en pleine escarmouche... Mais également la discrétion et l'infiltration parfaite d'Isaac à Fortcendre, Antimaos ressuscitant un assassin de la lune de sang, Genesys qui décapite un guerrier, le tir parfait d'Alinéore et d'Isaac sur l'un des Lionel marins, Martin propulsant une calamité fluviales... Tant d'actions qui feraient à elles seules une histoire. Leur discussion s'interrompt lorsque Martin remarque que Samuel commence à sangloter, avant de pleurer.

-Sam t'es sûr que ça va ? Dit Anthony avec un regard insistant et inquiet envers son ami de lycée.  

-hein euh, oui oui ça va ça va... Remarquant que ses sanglots ont attirés malencontreusement l'attention, Samuel se hâta d'essuyer les larmes qui coulaient sur ses joues. De nature sensible, il ne pu se retenir longtemps de contenir cette charge émotionnel. La lettre qu'il venait de lire lui fit rendre compte à quelle point il était important, généreux, unique, en somme quelqu'un d'aimé . Une lettre dont chaque phrase, chaque mot, chaque lettre attendrissaient un homme dont l'apparence noble relevait de la fierté et de l'assurance. Les sanglots se faisaient plus bruyant.

-Qu'est ce qu'il y a ? Demanda Martin. Anthony en profita pour confier à Samuel un mouchoir à l'odeur de menthe, ces mêmes mouchoirs à la menthe qui l'équipaient au lycée de Saint Genis Pouilly pour se sauver de n'importe quelle situation : du verre d'eau qui tombe sur ses vêtements au "terrible" rhume de ce fier homme en passant par de fidèles serviettes lors des repas improvisés autour des pizzas du "Nomade" à 100 mètres du lycée de Saint Genis Pouilly !

-Désolé, je repense au séjour à Renens, c'était vraiment super, j'ai adoré, c'était très agréable d'être avec vous et ça m'a vraiment fait du bien de passer du temps avec vous deux et les filles. J'aurais aimé rester plus longtemps. C'était tellement beau, dit Samuel en essayant de se ressaisir.
     Nos anglophones lui donnèrent généreusement un regard de compassion si bienveillant que même le plus épais des masques chirurgicales de "l'Epidémie" ne pouvait cacher leur chaleureux sourire. Samuel se repris et se calma avant de contempler cette fois ci les Alpes de la Suisse Romande pendant qu'Anthony et Martin reprirent leur discussion. Ils passèrent par Morges, un lieu qui éveillait en Samuel un doux souvenir qui le réconforta, puis à Gland, évoquant un souvenir sportif qui redonna le sourire à notre auburn, avant d'arriver à la Gare de Coppet.

-Bon on commence à y aller, dit Martin en réunissant ses affaires et celles d'Anthony. Samuel suivit également les deux universitaires au rez-de-chaussée du wagon, trouvant absurdement stupide l'idée même de rester à des places qui l'empêcheraient de saluer ses compagnons de jeux, et qu'il n'aimait simplement pas. Il n'a jamais trouvé cela agréable d'être assis à l'étage, alors qu'il est plus simple, plus pratique et plus logique de s'assoir en bas selon lui et son code trop étrange pour les autres pour être considéré comme logique.

-En tout cas ça été un super plaisir de te revoir, j'espère qu'on se retrouvera rapidement ! 

-Oui c'est vrai, moi aussi ça m'a fait super plaisir. J'espère également qu'on va vite se revoir. Anthony, ça m'a fait du bien de te revoir. 

-Sam je t'en pris. Oui moi aussi ça m'a fait plaisir.

     Nos joyeux lurons s'échangèrent de chaleureux sourires avant de se serrer la main et de se prendre dans les bras. Les portes du train s'ouvrirent, offrant une vue sur la gare et la ville de Coppet en général, une ville dont la silhouette urbaine ferait facilement penser aux banlieues parisiennes et lyonnaises des années 80'. S'échangeant un dernier regard avant que les portes ne se referment, Anthony et Samuel se saluèrent à nouveau afin de se dire au revoir avec leur style et leur classe habituel, un au revoir aussi bienveillant que paternel qui leur était commun, leur physique et leur tête laissant libre cour à cette interprétation ! Anthony alors disparu avec Martin sous les quais afin de rejoindre son père qui l'attendait non loin de la gare, près à rentrer à Gex. Samuel quant à lui n'avait pas bougé d'un pouce, toujours devant les portes du wagons 12, il contemplait les lumières de la gare qui laissèrent leur place à la noirceur de la nuit. Ce dernier contact lui a redonné le moral, il retrouve sa fierté habituel, cesse de greloter des dents et reprend sa carrure qui lui est propre. La noirceur de la nuit lui permettait de voir son reflet, le reflet d'un garçon de 18 ans à la fière et petite moustache et à la prononcée barbichette, portant élégamment un béret noir et un impair de même couleur, arborant un sac grisâtre qui fait l'histoire même de ce rigolo personnage. Une apparence imaginaire qui relève de l'aménité auprès de ses amis, il portait ces éléments vestimentaires comme Indiana Jones porte son chapeau ou comme Clint Eastwood porte son poncho dans un Western bien fort connu. La noirceur lui empêchait de voir quoi que soit d'autre, permettant au garçon de se concentrer uniquement sur son reflet. Perdu dans ses pensées, oubliant son environnement, le train, le son des rails qui grincent, l'odeur du sandwich au poulet de cumin du passager voisin, son esprit remémorait chaque étape, chaque instant, chaque seconde de ce voyage, qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Perdu dans ses pensées et sa musique, il ferma délicatement et longuement ses yeux châtaignes, avant de revivre dans ses moindres détails son aventure à Renens.

Un séjour à RenensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant