la Loi du Pardon (Jake is it love tome 2)

dans la gueule du loup (partie 1/2)

Kadahâr, Afghanistan,  juin 2008

Le désert Afghan s'étend à perte de vue. Immense, hostile, inconnu... 6 jours que nous marchons, et nous n'avons pas croisé âme qui vive.

– C'est vrai ce qu'on raconte, Jake, tu veux quitter l'armée ?

Je jette un regard sévère à Alan :

– Parle moins fort. Nous sommes en plein territoire Afghan et je ne tiens pas à ce que nous ne nous fassions repérer...

Alan se penche vers moi pour parler à voix basse :

– Pardon lieutenant Stewart. Mais pourquoi voulez-vous retourner à la vie civile à présent que le commandant vous a gradé au post de lieutenant ?

Je soupire, enfonçant mes mains dans mes poches :

– J'en ai assez de la guerre. Et je n'ai été gardé que pour prendre le commandement de cette troupe et mener à bien la mission.

– Mais pourquoi avoir accepté cette mission-suicide, alors que vous souhaitez quitter l'armée ?

Je me tourne vers le jeune américain, bien agacé par ses questions :

– Parce que ce salopiot me tient par les couilles ! Il sait des choses sur moi.. Des choses qui peuvent m'envoyer au couloir de la mort...

Alan pâlit :

– Vous avez fait quelque chose de grave ? Vous voulez dire que vous êtes... un criminel ?

Je ricane. Les criminels sont plutôt ceux qui ont tué ma famille :

– Ouais, j'ai buté un mec. Et je pourrais facilement en tuer un deuxième s'il ne ferme pas sa gueule rapidement...

Alan écureuil les yeux et détourne le visage, penaud. Pourtant, je ne suis pas plus tranquille... qu'est ce qui m'a pris de tourner en dérision un acte qui m'étouffe jour et nuit dans un étau de culpabilité ? Je ne dors plus, je dois me forcer à manger, je vis plus depuis que j'ai assassiné mon meilleur ami...

Liam. Ses dernières paroles...

« Jake, tu viens de te perdre... »

Je crois que je comprends enfin ce qu'il voulait dire... Il avait conscience qu'en le tuant, je m'abaissais au même rang que les assassins de ma famille. Assassins que je haïssais plus que tout au monde...

– En tout cas, lieutenant Stewart, je me demande ce que vous allez faire une fois revenu à la vie civile.

Je m'arrête, devant la brusque réalité s'imposant à mon esprit...

Non seulement je n'ai aucune idée de ce que je compte faire de ma vie, mais en plus, durant les trois semaines qui ont suivi cette décision, je ne me suis pas posé une seule fois la question...

– Vous pourriez en profiter pour vous poser. Vous trouverez une copine... ou une épouse.

– Ha ha ! Comme si quelqu'un comme moi était fait pour le mariage ou l'engagement ! Très drôle... Cela dit, ça fait bien 8 mois que je n'ai pas eu de permission. Je pense que la première chose que je ferai, une fois rentré en Amérique, ce sera effectivement de trouver une fille, mais pas pour m'engager avec elle, tu vois...

Bon sang, mais pourquoi je dis ça... ça ne me ressemble pas d'être aussi cynique et vulgaire, qu'est ce qui m'arrive ?

J'ai l'impression que je me cherche des excuses pour ne pas donner la chance à une vraie relation. Mais je sais pertinemment pourquoi... je sais qui je suis, et ce que j'ai fait. Quelle fille pourrait aimer... un monstre ? Un homme capable de tuer son plus vieil ami...