la Loi du Pardon (Jake is it love tome 2)

Une vie si parfaite...

Kabul, Afghanistan, 2008

L'obscurité engloutit ma cellule. L'air est lourd, l'odeur de renfermé agresse mes sens. Pourtant, je me sens à ma place à cet endroit.

C'est tout ce que je mérite...

« Jake, tu viens de te perdre... »

Je me répète cette phrase en boucle, comme une litanie.

À cet instant, je sais que rien ne sera plus jamais comme avant. La culpabilité me serre dans son étau de solitude et ne disparaîtra jamais.

J'ai tué mon meilleur ami... Et jamais je ne pourrais lui pardonner ce qu'il m'a obligé de faire.

C'est à cause de lui qu'est mort Anya. Et c'est sa mort qui a entraîné celle de mes parents.

C'est à cause de Liam que toute ma famille a été tuée, je devrais me sentir soulagé de sa mort, et pourtant... Pourtant je me sens écrasé par le poids de la culpabilité.

J'ai tué Liam dans un excès de colère, et je suis à présent un meurtrier.

Bordel, tuer un être humain sur le champ de bataille et tuer de mes mains un ami n'a absolument rien à voir...

« Jake, c'est vrai c'qu'on raconte ? Liam Lanquers, c'est toi qui l'a tué ? »

Je ne prends même pas la peine de me tourner vers le prisonnier de la cellule voisine. Mon silence semble le convaincre de ma culpabilité.

Des pas retentissent soudainement dans le couloir. C'est le caporal chargé de surveiller les prisonniers. Il s'arrête devant ma cellule :

- Stewart. Le commandant veut te voir.

Sarcastique, je ricane :

- Oh, mais quel honneur ! Attends un instant que je me refasse une beauté, histoire de faire bonne impression à notre supérieur...

La caporal ouvre la porte du cachot et se dirige vers moi, m'agrippant par le bras pour me relever :

- On verra si tu fais toujours la grande gueule devant le commandant, Stewart.

L'autre prisonnier se précipite à sa porte pour me lancer un regard moqueur :

- Vous allez lui défoncer la gueule pour le punir ? C'est inutile, vous avez vu comme la cicatrice qu'il porte à la joue s'est mal refermée ? Il est déjà défiguré à vie, le beau garçon !

Je soupire, repensant à l'horreur que j'ai ressenti la première fois que j'ai vu cette cicatrice balafrée sur mon visage. Cette blessure me vient de cette maudite journée où j'ai vu une gamine innocente mourir, et où j'ai assassiné mon meilleur ami.

Cette cicatrice me donne un air sinistre, effrayant. Je peux dissimuler les blessures lacérant mon buste et mon dos, mais pas cette coupure sur mon visage.

Tout ceux qui me verront à partir de maintenant sauront que j'ai vécu l'enfer...

Le commandant est tranquillement assis à son bureau lorsque je rentre dans la pièce menotté, sous le regard glacé du caporal. Il se lève pour me saluer :

- Bonjour, soldat Stewart. Je vous en prie, asseyez-vous...

Je m'exécute, sans le quitter des yeux. Pourquoi le commandant convoque-t-il dans son bureau un simple petit fantassin? Sait-il que c'est moi qui ait tué Lanquers ? Non, si c'était le cas, il m'aurait envoyé dans le département spécial pour enfermer les éléments perturbateurs. Il m'aurait traduit en justice, il ne me ferait pas monter dans son bureau privé...