J'attendis longtemps, longtemps avant que l’aiguille se place sur le 9, avant que la petite se place sur le quatre.
Pourtant les portes automatiques ne s’ouvrirent pas pour la laisser passer, elles s’ouvraient pour laisser passer des gens heureux d’aller au cinéma, des gens qui étaient là pour un rencard, pour la salle de jeux vidéo, pour toutes les foutues fonctions de ce bâtiment, pourtant il n’y avait pas mon amie, le film allait commencer dans trois minutes et je n’avais aucune réponse à mes sept messages, une boule se fit dans mon ventre.
Debout près de l'accueil, je regardai cette foule mon billet à la main, je sortit mon portable et vérifiai l’heure, plus qu’une minute et aucune réponse.
Je l’appelai mais il n’eut que ces interminables bips sonores et cette voix de femme électronique.
Dans ma tête les fenêtres explosèrent, les escaliers s’effondrèrent, la moquette rouge fondit créant un liquide rouge, les popcorns du distributeur éclatèrent, revenant sous forme de graines, se versant dans la mixture âcre de la moquette.
Je baissai les yeux sur mes pieds, ils s'enfonçaient, je devenais plus petite dans ce décor qui fondait, les murs coulaient avec les rambardes de fer qui gouttaient mélangeant leur gris au rouge, et moi qui m’enfonçais sans bouger, les lumières se mirent à clignoter éclairant une fois sur deux la foule qui se liquéfiait comme de la cire à chacun de leurs pas, de leurs respirations, de leurs pensées qui leur sortaient par les yeux, créant au plafond un nuage de pensées représentées en des gribouillis en forme sombre et entremêlée.
Je fus interrompue dans mon imagination quand mon téléphone sonna, je décrochai l’appel le regard levé vers le plafond :
-Allô ?
-Théa, je suis vraiment désolée mais je ne pourrais pas venir, elle finit sur une toux grasse.
-Tu es malade ?
-Je crois que je me suis attrapé un rhume je suis vraiment, vraiment désolée, s’excusa-t-elle.
-C’est pas grave, mentis-je, repose-toi on se verra une autre fois de toute façon.
-Oui si je me sens mieux, elle renifla et continua à broder, je me rattraperai promis.
-Pas de problème, continuais-je à mentir de mon côté.
-Je dois te laisser à plus et encore désolée.
-A bientôt, lui dis-je.
Je raccrochai, sans un mot je montai à l’étage, je rentrai dans la salle de mon film fermant derrière moi la porte, qui créa mentalement la dissolution de toute personne dans le hall sans aucune pitié, sans aucun regret.
Je m’assis à ma place attribuée par chance à la dernière rangée, la pub avait déjà commencé à défiler, et le noir était complet, les images de couleurs lumineuses, froides ou chaudes défilèrent devant mes yeux, les sons parvenaient à mes oreilles sans que mon cerveau les traduisent, j’étais comme hors service laissant mes larmes couler le long de mes joues, dans le silence le plus complet.
Avais-je fait quelque chose de mal? Etait-ce stupide d’avoir cru en elle ? D'avoir pensé que notre amitié durerait ? Avoir seulement eu la stupidité de penser que c’était quelque chose d’important à ses yeux ? Que rien ne nous séparerait ? y cru ma grand-mère quand elle
VOUS LISEZ
Trois_mille_sept_cents_planetes
Science FictionPas vraiment de but, juste la vie d'une âme avec beaucoup d'imagination pour un seul corps. Ne la jugeait pas comme une Takezen s'il vous plaît, elle a juste peur de la réalité.