04 - elle m'a eu

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    Le regard réprobateur de Konan pesait sur Yahiko. Le rouquin détournait les yeux, essayant d'esquiver le courroux de son amie.

Assis sur le futon, il observait les mains de son amie s'activer autour de son corps malmené. Elle désinfectait et protégeait les plaies, enroulait des bandes de tissus autour de ses bras et de son torse.

Alors que ses lèvres s'entrouvraient, la violette serra brusquement un bandage, coupant la circulation sanguine du garçon. Le roux laissa échapper un râle de douleur, relevant ses yeux vers Konan.

— Ne dis rien, murmura-t-elle.

Bien qu'elle ne laissait rien paraître, Yahiko entendit le léger trémolo dans sa voix et son cœur se compressa dans sa cage thoracique. Savoir qu'il était l'unique responsable de l'inquiétude de son amie le rendait malade.

Honteux, il baissa les yeux. Aucun d'eux ne brisa le silence, Konan finit son travail d'infirmière en enroulant un bandage autour du crâne de son ami. Ses mains délicates s'activaient autour du visage du rouquin, l'envoûtant peu à peu de son odeur.

Le corps du garçon frémit alors que les bouts des doigts pâles de la violette effleuraient ses traits. Il l'entendit soupirer avant de briser le contact de leurs deux épidermes.

Privé de ce contact, le manque se creusa dans la poitrine du rouquin. Et alors qu'elle amorçait un mouvement de recul, il attrapa son bras, faisant fi des blessures qui le tiraillaient.

— Je suis désolé Konan, je...

— Arrête, arrête de t'excuser, dit-elle la lèvre inférieure tremblante. Tu t'excuses puis tu recommences, et au final c'est moi et Nagato qui trinquons. Alors arrête de t'excuser.

Yahiko écarquilla les yeux, touché de plein fouet par les mots de son amie. Ses poings se serrèrent de colère envers lui-même. Le tissu qui enroulait ses phalanges prit une couleur rougeâtre, ses blessures venaient de se rouvrir. 

— Yahiko, tu me fais mal, souffla-t-elle en se défaisant doucement de la poigne du rouquin.

Ses doigts fins virent frotter son bras pour soulager la douleur. Yahiko l'observait, ses yeux à deux doigts de sortir de leur orbite. Prêt à s'excuser, il se ravisa, les paroles de Konan toujours résonnantes dans sa tête.

— Konan, merci.

Les traits de la violette furent tirés par la surprise. Ses mains se joignirent à celles de son ami, frottant délicatement ses doigts sur les plaies qui s'étaient rouvertes. Une larme orpheline roula sur sa joue sans quitter des yeux le regard bleu de Yahiko.

Elle savait pertinemment que le roux n'agissait pas par méchanceté, à vrai dire, elle était persuadée qu'il ne se rendait même pas compte de ce qu'il provoquait chez elle et Nagato. Il fonçait constamment tête baissé et finissait blessé. Il les protégeait toujours, encaissant la plupart des coups destinés à ses deux amis. Mais c'était cette attitude qui faisait profondément souffrir Nagato et Konan.

— Ne bouge pas, je vais refaire les bandages de tes mains, ordonna la violette en s'écartant du blessé.

Il hocha la tête, l'observant préparer de nouveaux bandages. Il ne manquait aucun de ces gestes, buvant ses mouvements et ses traits. Quelques mèches frivoles s'échappaient de sa sempiternelle coiffure, chatouillant les traits de son visage. 

Elle se rapprocha de lui, écartant machinalement les mèches qui venaient brouiller son regard. Avec précaution, elle attrapa les mains de Yahiko et les banda. 

Le rouquin déglutit difficilement, son cœur battait plus vite qu'à l'accoutumer dans sa poitrine. Il ne la quittait pas du regard, elle, son amie à qui il avait fait du mal sans qu'elle ne lui tourne jamais le dos. Elle était toujours restée dans son ombre, tout comme Nagato, le rattrapant à chaque fois qu'il tombait. 

Les traits graciles de la violette hypnotisaient le garçon, et ça faisait quelque temps qu'il s'en était rendu compte. Depuis quelques mois, il sentait ses sentiments s'émoustiller lorsqu'elle était à ses côtés. 

Et maintenant, alors qu'ils n'étaient que tous les deux dans cette maison, leur corps en contact, Yahiko ne tenait plus. Il n'arrivait plus à refréner ses sentiments qu'il avait enfoui durant tout ce temps.

Son regard plongea dans les prunelles ocre de Konan et il eut l'impression d'y lire mille histoires et souvenirs. La violette arrêta tout mouvement, happée par les yeux bleus du garçon qui miroitaient d'émotions. Un délicieux frisson parcourut son échine alors que Yahiko s'approchait dangereusement d'elle.

Ses battements cardiaques s'accélérèrent jusqu'au point où son cœur se mit à bondir dans sa poitrine. Leurs souffles se mélangeaient et leurs yeux ne se quittaient plus. Mille questions se succédaient dans la tête de l'adolescente. Était-ce vraiment en train d'arriver ? Est-ce que Yahiko ressentait la même qu'elle ? Que devait-elle faire ? Et comment on embrasse quelqu'un d'ailleurs ? 

Toutes ses interrogations partirent en fumée à la seconde même où les lèvres du rouquin touchèrent celle de Konan. Leurs bouches se scellèrent au plus grand plaisir de la violette. D'étranges sensations fourmillaient dans son bas-ventre alors que lentement leurs lèvres se caressaient, et Konan put constater à quel point celles du garçon étaient douces. 

Sans se lâcher une seule fois du regard, les deux adolescents s'offrirent tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, enfermés dans une bulle qui les éloignait de ce monde gris et froid.

Sans se lâcher une seule fois du regard, les deux adolescents s'offrirent tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, enfermés dans une bulle qui les éloignait de ce monde gris et froid

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