05 - demain n'existe plus

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"Konan et toi, vous devez rester en vie quoiqu'il en soit"

    C'étaient les derniers mots qu'il avait prononcé avant de courir s'empaler sur le couteau que tenait fébrilement Nagato. Il souffla d'ultimes paroles au rouge, pétrifié. Sous les yeux horrifiés de Konan, Yahiko tomba face contre terre, le sourire aux lèvres malgré le sang qui s'en échappait.

L'unique œil visible de Nagato regardait droit devant, prit de tremblements alors que les hurlements de douleur de Konan déchiraient le paysage.

— Yahiko !

La pluie battante tombait, se mêlant au sang du rouquin.

Konan se débattait comme une furie, hurlant sa peine, la douleur de voir un être aimé être arraché de force. D'épaisses larmes coulaient à flots sur son visage tordu par la tristesse, camouflées par la pluie incessante.

Il pleuvait, encore et toujours. Cette pluie que Yahiko détestait, cette pluie qui symbolisait les souffrances de ce pays.

Konan aurait aimé se sentir vide, ça aurait été moins douloureux. Sentir un vide immense lié à la disparition de celui qu'elle chérissait le plus.

Mais non, elle ne ressentait qu'une douleur dévastatrice, semblable à une vague gigantesque qui dévastait tout sur son passage. Une tristesse omniprésente et oppressante qui la rongeait de l'intérieur pendant qu'elle continuait d'observer le corps de Yahiko se vider de son sang.

Les secondes semblaient être des heures et elle faiblissait. Le choc l'assourdissait. Elle arrêta de se débattre, incapable d'esquisser un seul mouvement. Konan tomba à genoux, terrassée par le déchirement de son cœur.

Elle ne réagit même pas quand Hanzô donna l'ordre de les abattre, et perdit connaissance quelques instants avant de rouvrir les yeux, face contre terre, à quelques centimètres du visage figé de Yahiko. Elle retint un hurlement et se précipita au côté de la dépouille de son ami, de son amant. 

Ses bras se serrèrent autour du corps de Yahiko, et ses larmes vinrent se perdre dans les cheveux roux de son ami. Le corps était encore chaud, témoignage d'une vie qui venait de s'envoler. Le sang tintait sa tenue grise et elle enfouie sa tête dans son cou.

Obnubilée par Yahiko, elle ne réagit pas immédiatement à ce qui se passait autour d'elle, à ces dizaines de shinobis qui les attaquaient de toute part, à Nagato qui perdait pied, fou de douleur.

— Pardon, pardon, pardon, répétait-elle comme une lente litanie.

Elle qui avait reprochée à Yahiko ses excuses, ne pouvait s'empêcher de s'excuser. Elle ne savait pas quoi lui dire d'autre, le choc était trop fort. Elle aurait aimé le remercier, lui dire tout l'amour qu'elle portait pour lui, lui raconter un de ses souvenirs les plus cher à ses côtés. Mais tout ce qui venait dans son esprit embrumé par la douleur n'était que des excuses.

Ce fut un cri macabre de Nagato qui la tira de sa transe. Sa vision jusqu'alors réduite à Yahiko s'élargit peu à peu, et elle comprit ce que Nagato était en train de faire. Horrifiée à l'idée de perdre un autre de ses amis, le corps de Yahiko serré contre sa poitrine, Konan se mit à hurler :

— Nagato, non n'utilise pas ça, Nagato ...

Mais le rouge semblait inatteignable et n'arrêta sa folie destructrice après avoir renvoyé toutes les âmes vivantes au ciel. À bout de force et décharné, il tomba face contre terre, des dizaines de pieux en métal plantés dans le dos. Konan hurla.

Konan se tenait devant une tombe qui n'abritait aucun corps. Tout près de la maison où ils avaient vécu avec Jiraya, elle avait tenu à faire une tombe pour Yahiko. Bien que le corps de son amant serve désormais à Nagato, elle avait besoin de ce lieu et de cet endroit pour se recueillir. Nagato n'avait pas pu l'accompagner, et puis de toute manière, il ne semblait pas vraiment comprendre l'intérêt pour Konan de créer une tombe vide.

Les yeux posés sur le bouquet de fleurs de papier qu'elle avait créé, elle soupira lourdement, ne pouvant retenir quelques larmes. Yahiko était parti, c'était la triste réalité.

Bien que quelque temps s'était écoulé, la douleur était toujours aussi présente dans tout son être, refusant de la laisser respirer sans douleur. Chaque bouffée d'air qu'elle inspirait lui tiraillait les poumons, lui rappelant qu'elle respirait un air que Yahiko ne partageait plus. 

La violette aurait aimé se terrer ici, dans cette vielle cabane dans laquelle elle avait retourné la plaquette grenouille du roux. Elle aurait tant aimé choisir la facilité et fuir. Mais Nagato comptait sur elle et ils devaient tout deux mener à bien la volonté de Yahiko. Il s'était sacrifié pour eux, alors ils ne devaient pas le décevoir, et encore moins rendre son sacrifice vain. 

Konan soupira et laissa une dernière perle salée rouler sur sa joue avant de réorganiser la fleur de papier dans ses cheveux violets. Elle tourna les talons après avoir jeté un infime regard à la tombe.

— Merci Yahiko.

— Merci Yahiko

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(LOG:11.0 sur pixiv)

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