O6; confessions

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Ce serait un mensonge de dire que je ne m'y attendais pas. Mais ça en serait un second de dire que tout cela ne me fais rien. Que mon cœur n'est pas au moins un peu ébréché. Que mon estime de moi-même n'est pas sérieusement endommagée. 

Les évènements de la soirée que je viens de vivre tournent dans ma tête. En boucle.

Ai-je manqué quelque chose ? Des signes que j'aurais dû comprendre bien plus tôt ?

Sans doute. Pourtant, pour moi tout se passait bien. J'avais un petit-ami qui m'invitait à sortir, avec qui je rigolais, qui partageait mes souvenirs et qui appréciait rencontrer les membres de ma famille.

Mais peut-être oui, n'étais-je pas la personne la plus douée quand il s'agissait de...ça.

Ma journée avait même bien commencé : mes cheveux ne partaient pas dans tout les sens, la photocopieuse fonctionnait pour la première fois en deux mois, ma collègue m'avait fait pleurer de rire et il faisait beau. J'étais de bonne humeur.

C'est pour cette raison que je m'étais dit que ce serait une bonne idée de prendre ses pâtisseries préférées et lui en faire la surprise.

Pour cette raison que la porte entrouverte de son appartement ne m'avais pas interpellé. 

Il l'a probablement mal refermée.

C'est aussi peut-être la raison pour laquelle les deux verres d'alcool sur le bar de la cuisine ne m'avaient pas surprise.

Il a invité un collège ? Je me demande si c'est Jeffrey...

Définitivement la raison pour laquelle je n'ai pas remarqué la paire de talons rouge Louboutin, ni la mini-culotte Victoria's Secret dans un coin derrière le canapé.

Et la raison pour laquelle je n'ai pas réagi immédiatement quand j'ai poussé la porte de sa chambre pour le trouver nu, au-dessus de sa jeune secrétaire Amélia.

Je me suis juste stoppée. Parfaitement immobile. Ils ne m'ont remarqué que lorsque j'ai lâché le carton avec les pâtisseries qui est venu s'écraser à mes pieds dans un bruit sourd.

Et je l'ai vu.

L'expression dans ses yeux.

De la peur, de la rage, de la surprise... Mais aucun remords.

Alors j'ai tourné les talons immédiatement. Je l'ai entendu juré et m'ordonner de m'arrêter. J'ai accéléré, couru un peu et me suis finalement arrêté deux arrêts de bus plus loin. 

Le cœur brisé et battant furieusement dans ma poitrine, le cerveau en ébullition, essoufflée, j'ai finalement explosé en larmes, tout en continuant mon chemin.

Les passants, peu nombreux à cette heure, me regardaient avec un mélange de pitié, d'incompréhension, de curiosité et de dédain parfois même.  Il s'est mit à pleuvoir comme pour rajouter un supplément bien dramatique à tout cela.





𝗔 𝗕𝗟𝗨𝗘𝗕𝗘𝗥𝗥𝗬 𝗖𝗔𝗞𝗘 🍰Où les histoires vivent. Découvrez maintenant