24. retour à la réalité

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Un courant d'air froid et un bruit de papier qu'on gratte fut les premières choses que les sens de Tom détectèrent alors qu'il émergeait lentement du pays des rêves. Il tâtonna mollement à côté de lui, à la recherche de celui près de qui il s'était endormi la veille, mais la place était vide.

Un rire étouffé lui parvint depuis le bout du lit, alors il se décida à ouvrir un œil. Il comprit que le courant d'air froid provenait du fait que la couverture avait été tirée jusqu'à ses hanches et que tout son buste était exposé à l'air glacé du matin.

- Qu'est-ce que tu fais ?, grogna-t-il à l'attention du métis même si cela semblait assez clair. Nate était assis en tailleur à ses pieds, un carnet de croquis entre les mains qui était gratté par un crayon à pointe fine.

Mais il ne semblait pas vouloir répondre, trop concentré à ce qu'il était occupé à faire. Son regard alternait entre le cahier et le châtain dont la peau nue était prise de frisson glacé.

- Tu me dessines ?, comprit soudain son esprit embrumé. Il glissa ses yeux sur son corps à moitié dénudé et fut prit d'une irrésistible envie de remonter la couverte sur son torse. Il n'avait pas de problème quelconque avec sa nudité mais il devait avouer qu'être dessiné comme ça, au plus naturel et qui plus est le matin, ne le mettait pas tellement à l'aise.

Nate gloussa tendrement en le voyant exécuté son geste, il glissa ses beaux yeux bleus dans ceux de Tom. Et celui-ci se stoppa dans sa démarche de se recouvrir.

Après tout s'il avait su dessiner comme Nate, il passerait son temps à le dessiner aussi. Dans chacune de ses positions, chacune de ses expressions. Il l'aurait représenté sous toutes ses formes, en train de rire, de manger, de dormir, de jouir et même de dessiner. Car Tom ne l'avait jamais trouvé aussi beau que quand il laissait son crayon glisser sur le papier. C'était les rares moments où on pouvait le voir lâcher prise, oublier tout ce qui l'entourait. Dans ces moments, l'innocence reprenait vie sur son visage aux traits fins. Il retrouvait l'enfance qui lui avait été volée par le drame et les pleurs. Quand il dessinait, Nate était juste lui-même. C'était un spectacle magnifique.

Il donna un dernier coup de crayon et releva, vers lui, un magnifique sourire. Et pendant une seconde, il resta enfant, il resta celui qu'il était quand il dessinait. Tom se mit soudain à espérer qu'un jour, peut-être, cet air, qu'il ne dédiait qu'à ses feuilles vierges, lui serait destiné.

- Tu as terminé ?, demanda-t-il la voix chaude d'une tendresse non feinte.

Pour toute réponse, Nate s'approcha à quatre pattes et déposa le dessin sur son torse. C'était une des premières fois qu'il lui montrait un dessin de son plein gré. D'habitude, Tom devait toujours réclamer de pouvoir voire ses croquis. Il ne put s'empêcher de sourire en se redressant contre la tête du lit.

Délicatement, pour ne pas chiffonner la feuille, il attrapa le dessin. Nate, désormais assis à côté de lui, déposa ses lèvres sur l'épaule de Tom en attendant sa réaction.

Le dessin était magnifique, un modèle d'érotisme et de douceur mélangés. Le garçon qu'il représentait était beau et terriblement sexy. Ses traits détendus par le sommeil étaient doux et son corps nus, étalés dans les draps était un appel à la dépravation.

Le châtain ne put s'empêcher de trouver ce garçon beau. Il avait beau se dire que c'était lui, il n'arrivait pas à s'identifier à cette silhouette.

- C'est comme ça que tu me voies ?, demanda-t-il la voix vibrante d'émotion.

Un sourire se dessina contre son épaule et Nate hocha la tête. Tom sentit son cœur se gonfler de tendresse, jamais personne ne l'avait fait se sentir aussi beau et désirable que ce que le métis venait de lui faire.

J'aime me perdre dans le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant