33. jerry

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Cela faisait une bonne demi-heure que Tom et Nate avaient quittés la soirée. Ils marchaient côte à côte, en silence, dans les rues froides et désertes de leur petite ville.

Le châtain n'avait pas ouvert la bouche depuis que sa porte d'entrée s'était refermée sur eux. Bien sûr, il l'avait questionné et avait hésité pendant un moment à le suivre quand Nate lui avait tendu une veste et un pull. Il avait rapidement compris qu'ils allaient laisser les invités seuls et Tom n'était pas sûr que ce soit une bonne idée de partir de sa propre soirée.

Mais le pétillement dans les yeux du métis l'avait convaincu. Il allait rencontrer un peu de son monde et il aimait cette idée. C'était touchant la façon dont Nate se souciait de lui au point de quitter une soirée dans laquelle il s'amusait et il n'avait pas envie de le décevoir.

Il avait rapidement prévenu Violette qu'il partait pour pas qu'elle ne s'inquiète et lui avait demandé de vérifier à ce que ça ne dégénère pas trop.

Le froid mordant de janvier leur rougissait le nez et les joues et leurs jambes étaient lourdes d'alcool, pourtant pour rien au monde ils n'auraient échangé leur place avec d'autres personnes. Appréciant bien trop la présence de l'autre à leurs côtés. De temps à autres leur mains se frôlaient, mais ça n'allait pas plus loin que ça. Pourtant c'était bien suffisant pour manquer de faire exploser leur cœur.

Quand Nate l'emmena dans une ruelle sombre, Tom remarqua qu'il ne connaissait pas cette partie de la ville. Il avait un totale confiance en le métis mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir des sueurs froides en pensant aux monstres qui se tapissaient dans l'ombre. Il aimait les films d'horreur, mais bon dieu ce qu'il était trouillard.

- Tu m'emmènes où ?, demanda-t-il une fois qu'ils arrivèrent près de grands hangars. Il n'y avait rien à l'horizon mis à part de grandes lignées d'entrepôt effrayant. C'était pile le genre d'endroits dans lesquels les trafiquants faisaient leurs affaires dans les séries policières qui passaient à la télé. Tom les affectionnait particulièrement, excepté s'il en devenait une des victimes.

Nate tourna son visage vers lui. Et dans la pénombre de la nuit profonde, Tom eut toutes les peines du monde à apercevoir la brin de malice qui courbait ses lèvres et faisait pétiller ses yeux bleus.

Ou est-ce que le métis l'emmenait-t-il ? Leurs pas les guidèrent jusqu'à un des deniers hangars de la lignée. C'était aussi le seul qui semblait animé. Depuis l'extérieur, ils pouvaient très distinctement entendre des grands bruits de fracas et de vaisselle brisée.
Tom était effrayé et il crut bien qu'il allait s'enfuir en courant quand le métis frappa cinq coups contre la taule en métal qui faisait office de porte d'entrée. Cinq secondes plus tard, elle roula de quelques centimètres pour laisser apparaitre un visage.

- Oui ?, demanda l'homme la voix grave et l'œil méfiant. Il scruta Tom, machant vulgairement son chewing-gum. Son allure féroce et agressive était accentuée par le bandana rouge qui maintenait ses longs cheveux bruns en arrière, ainsi que sa barbe négligemment taillée.

Comme Tom ne répondait rien, bien trop intimidé, Nate le poussa doucement pour se retrouver face à l'homme. Son expression changea du tout au tout en reconnaissant le joli métis.

- Oh Nate c'est toi ?, s'exclama-t-il avec sa voix rocailleuse.

L'artiste hocha rapidement la tête et chercha à tâtons la main du châtain pour venir l'encercler de sa paume chaude. Le regard de l'homme se porta aussitôt sur leur mains jointes.

- Tu nous as amené un ami ?, le jaugea-t-il septique, - Il est moins bavard que l'autre.

Ouch. Ça faisait mal. Tom savait que Nate ne lui devait rien d'autant plus que lui-même était en couple. Mais il n'empêche qu'imaginer le métis dans les bras d'un autre lui brisait le cœur. Blessé, il détacha rapidement sa main de la sienne.

J'aime me perdre dans le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant