37. suffisament saoul

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Tom avait toujours aimé le silence. Cela l'apaisait, lui permettait de se concentrer sur lui et sur lui seul. Il s'était déjà demandé si le fait que Nate soit muet et qu'il fasse souvent silence à ses côtés avait joué un rôle dans l'attachement qu'il éprouvait pour lui. Il n'aimait pas cette idée et à chaque fois qu'elle l'effleurait, il la repoussait. Mais une partie de lui était persuadée que c'était le cas.

Le silence. C'est agréable le silence dans le fouillis d'une vie. En ce jour, le silence était entrecoupé par les cliquetis de l'appareil photo de Violette et les froissements de vêtements du métis. Personne ne se risquait à parler et Tom savait qu'il s'agissait de l'effet Nate. Il en avait déjà fait l'expérience, plus d'une fois d'ailleurs, mais pour Violette, c'était une première et il pouvait voir à quelle point elle semblait émue.

Heureusement, Nate n'avait pas besoin d'instructions. Il savait quelles poses adoptées et quand changer de tenues, comme s'il était né pour ça.

Le châtain, avachi sur le fauteuil dans un coin sombre du studio, profitait du spectacle. Nate était sublime. Il brillait presque sous les projecteurs du studio. Violette en arrivant, leur avait parlé de son projet, une sorte d'article sur la masculinité toxique. Tom n'avait pas très bien compris, c'était la première fois qu'il entendait parler d'une telle chose, mais à l'instant ou la brune leur avait montré les tenues, il avait compris.

Violette avait vu juste, Nate était son mannequin idéal. Il portait les jupes et la dentelle à la perfection, sans parler du maquillage qu'elle avait appliqué sur son beau visage avant la séance. Le mascara, le blush, l'highlighter ne faisaient que renforcer ses traits fins et il était parfait.

De temps à autre, Tom pouvait voir que Nate faisait courir ses yeux derrière l'appareil photo. Ils lui passaient dessus sans s'arrêter, bien trop aveuglés par les projecteurs que pour le voir. Et c'était mieux comme ça. Le châtain n'était pas certain qu'il aurait été capable d'affronter un contact visuel avec lui. Actuellement, il était loin de tout les problèmes et croiser le regard triste de Nate reviendrait à lui faire un piqure de rappel. Il n'en avait pas envie. Pas tout de suite.

Cela faisait une semaine qu'il avait dit au revoir au théâtre. Une semaine durant laquelle il n'avait pas arrêté de s'autoflageller, se reprochant sans cesse d'avoir dit à Simon qu'il était au courant. Il avait essayé d'en parler à Nate, lui dire ce qu'il s'était passé, mais le métis n'avait cessé d'éviter les conversations. Tom commençait sérieusement à en avoir marre. Il était grand temps qu'ils aient une vrai discussion vis-à-vis de ça. Il avait évité d'en parler au début car Nate était trop fragile et qu'il voulait d'abord prendre le temps de le rassurer, mais désormais la discussion était inévitable. Pourtant l'artiste l'évitait et ça tapait sur le système nerveux du châtain, mis à rude épreuve ces derniers temps.

Nate n'était pas le seul à chercher son regard car de temps en temps, Violette tournait un regard inquiet jusqu'à lui. Il avait eu tout le mal du monde à la convaincre qu'il allait bien après son pétage de plomb au théâtre. Elle l'avait harcelé, venant jusque chez lui pour forcer la discussion. Il avait du inventer une histoire pour la satisfaire mais même ça n'avait pas été suffisant car dans le fond de ses prunelles Tom voyait le doute persister.

Quand la séance de photo fut finie et que Nate partit se rhabiller, le châtain fut étonné d'avoir résister à l'envie de lui sauter dessus. Violette vint le rejoindre dans le fauteuil après avoir rassemblé tout son matériel.

- Ça va ? Tu as ce dont tu avais besoin ?, demanda-t-il en s'affalant un peu plus contre elle.

Elle sourit doucement, papillonnant des paupières sous la fatigue. Il fallait dire qu'ils étaient là depuis plusieurs heures maintenant.

J'aime me perdre dans le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant