Mélange | VALD

Chapitre 1: Le Temps N'existe Pas

-      .. et Comme l'écrit Kant, «  le temps n'est rien » ce qui veut donc dire que...

 
Je relevais la tête. 

Intéressante, cette idée. 

Ça faisait écho à la nouvelle obsession de Vald dans ses sons sur l'idée que le temps n'existe pas. J'écoutais son nouvel album avec Heuss en boucle en ce moment. Il était 11h50, je n'arrivais plus à me concentrer sur le cours.  Je laissais donc mon esprit divaguer et rêver. La punchline de Vlad : « Le temps n'existe pas mais ça fait longuet hé » tournait en boucle dans ma tête. En effet, le cours était longuet. Mais qui dis "longuet" à part Vald franchement ? 

12h. Enfin ! 

Je sortais rejoindre mes potes pour aller manger. Angélique et Amina m'attendaient dans la cour, écouteurs dans les oreilles. Amina sourit en me voyant. On s'était rencontré dans nos cours de médecine, je suivais les cours de philosophie en parallèle. On avait rencontré Angélique à une soirée. Elle était en droit, et depuis on trainait ensemble. Elles avaient donc pris l'habitude de m'attendre après mes cours de philo. 

Amina pris un de ses écouteurs et me le tendis. 

-      Tiens, on a eu un débat sur les meufs qui font du rap et on réécoute Shay.

-      Ouais écoute ça, ça te changerait de ton Vald que tu écoutes en boucle, me railla Angélique. 

Je la fusillais du regard. 

-      Tsé, c'est pas mon Vald, c'est juste qu'en ce moment j'aime bien, c'est tout.

-      Après j'avoue qu'il a grave du charme, le petit blond! lança Amina pendant qu'on prenait le chemin vers le RU. 

-      Pff il est éclaté, ouais, répliqua Angélique. Moi je préfère les mecs baraques et bronzés  pas les petits geeks blancs cernés. 

J'écoutais de loin, je fermais les yeux au son des rythmes et de la voix de Shay qui m'enveloppait. Je me sentais pour un instant puissante, prête à écraser n'importe qui  qui se mettarait sur mon chemin, notamment ce keum sur le trottoir d'en face qui regardait mal mes potes.

**

7 mois plus tard 

-      Alexandra, tu t'es occupé des boissons de la loge 24 ? 

Je relevais la tête en direction de la porte de la loge où j'étais en train de placer le catering des artistes. On était le premier jour du plus grand festival de Suisse. J'étais bénévole et c'était actuellement la course, car certains artistes avaient modifiés leur planning et leur tour bus arrivait plutôt que prévu. On devait donc avoir fini de tout préparer avant leur arrivée. Ma chef, Elisa, hurlais des ordres dans tous les sens. Elle était grave stressée, mais bon, on ne pouvait pas aller plus vite que la lumière. 

-      Non, mais j'y vais en deux spi, t'inquiète, je finis juste de répartir les gâteaux! 

-      Okay mais grouille, c'est eux qui arrivent en premier ! 

Je marmonnais qu'ils soulaient quand même, ces artistes. En plus, c'était la canicule, chaque mouvement demandait beaucoup trop d'énergie. Quand j'étais plus petite, j'aimais faire ce taff, être proche des artistes, les mettre bien, c'était comme avoir une sorte de privilège. Maintenant, j'avais grandi, et j'étais un peu revenue de cette fascination.  C'était des humains comme les autres et ils allaient mourir comme tout le monde. Je kiffais beaucoup plus être dans l'énergie de la foule avec les festivaliers, c'était plus vrai. Mais au moins, ce poste, contrairement à ceux qui faisait la sécurité ou le nettoyage, permettait de voir tous les concerts dans leur entièreté.

J'allais dans la loge 24, et regardais sur l'affiche qui était l'artiste qui nous speedait comme ça. 

Tiens, Vald, comme par hasard ! Mais, trop hâte de voir son concert.

J'avais découvert un peu plus en profondeur son univers et j'étais impatiente de le voir en vrai. J'avais entendu dans une conversation d'Elisa et de son manager, que lui et son staff restaient toute la semaine du festival pour profiter, mais aussi pour qu'il puisse faire sa chanson en feat avec Koba La D. Le concert de Vald était à la fin de la semaine et celui de Koba au début. Ça aussi ça s'annonçait brutal. 

 
** 

Je pris mon sac, après avoir vérifié que j'avais toutes mes affaires pour ma soirée. Un pull, de l'eau, mes tickets restau et boisson, et surtout, surtout mon foulard. Ça sert à tout un foulard en festival : à te protéger du soleil, à t'assoir par terre, à mettre quand il fait froid sur tes épaules, sur ta tête quand il pleut. Bref, l'élément indispensable. Je pris mon foulard bleu, dans mes mains et l'amenai à mon nez pour le sentir. Je fermais les yeux, son odeur était douce. 

-      Vazy, Alex on décale !

-      J'arrive !

Je rejoignis ma bande de pote qui m'attendais pendant que je fermais ma tente. 

-      Prête pour cette première pure soirée de folie, ma belle ? dit Amina en mettant sa main sur mes épaules. 

-      Carrément ! répondis-je en ébouriffant les cheveux de Dorian assis par terre. Il grogna et je souris. Loic, torse nu avec son t-shirt sur la tête croisa mon regard et me redis mon sourire. Il était grave canon, le petiot. 

-      On récupère Angélique qui est aux toilettes, et go au concert de Koba ! dit Amina.

Dorian lança un cri de guerre qu'on reprit tous en cœur. On était déjà bien entamé après les soirées bénévoles et la canicule. 

***

Vald arriva sur scène dans une huée de cri et d'appel. Tout le monde était excité qu'il rejoigne Koba pour faire leur chanson « Pas de reine ». 

Dès qu'il fut là, une tension se fit ressentir. Il gérait le con, c'était stylé. Ses punchlines raisonnaient partout. Les bases vibraient au rythme de mon cœur, je savais plus si le son venait de l'extérieur ou de l'intérieur de mon corps. Mes yeux fermés faisaient confiance à mon corps. Mon corps suivait l'instru pendant que mes lèvres suivaient les mots. 

La dernière note sonna sous un tonnerre d'applaudissement et je lançai un regard sur la scène. Il avait un sourire trop sexy, humble et authentique. 

Il salua le public, puis s'enfonça de nouveau dans l'obscurité des backstages.