Chapitre 3 : Matrixé

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Troisième matin.

Même si aucun jour ne se ressemble, car le climat est celui de la fête, du nouveau, de la surprise, du mouvement, une routine s'installe.

Je pris dans la tente "matos" une bassine et une éponge et je me dirigeais tranquillement vers les loges.

Je repensais à ma fin de soirée d'hier soir. C'était surprenant comme souvenir, le courant était bien passé, on avait eu une relation amicale et je m'attendais pas à ça, sachant que c'était un artiste connu. Mais il avait été plutôt avenant et accessible, ce qui avait été une agréable surprise. Evidemment, il avait gardé ses murs de protection, sa carapace, mais ça se sentait qu'il m'avait fait confiance. Moi aussi d'ailleurs, pour lui parler du foulard comme ça. Je ne parlais pas souvent de cette histoire qui me rongeait encore. C'était délicat pour moi, mais je l'avais fait de manière spontanée avec lui.

Je repensais à son odeur. Rha, il était quand même hyper charismatique.

J'avais l'impression qu'on aurait pu passer la nuit à discuter de trucs, à refaire le monde. J'avais un tas de question. Genre c'est quoi qui te fait tripper exactement dans la théorie du complot ? Tu penses quoi de ce qui dit Kant sur le temps qui n'est rien ? Tu en as pas marre que toutes tes interviews ressemblent à une séance chez le psy mais qui a lieu devant toute la France ?

Mais surtout pas d'amour. Je ne voulais pas parler de ça, c'était trop intimidant, j'avais trop peur d'être déçu de ses idées et je voulais pas. Je voulais juste kiffer, comme ce moment hors du temps où l'on était assis sur le canapé.

Loge 24.

Le bordel comme d'ab. Elle est telle que je l'ai laissé hier. Je regarde à nouveau avec la lumière du jour si je n'aperçois pas mon foulard, mais c'était peine perdu, je l'avais bel et bien paumé. Mon regard fut soudain attiré par la nappe en papier rouge. Des mots étaient griffonnés dessus. Je m'approchais et lis :

« Bon courage madame la détective et laveuse de frigo pour décrypter ce qui s'est passé lors de cette soirée surprenante et charmante entre le haut et le bas de ce festival. »

Mais wahou trop drôle. J'aimais trop. Mais quand avait-il écrit ça ? Il s'était levé ce matin ? Impossible ! Il devait encore dormir. Alors, il l'avait écrit hier soir avant de partir ? Un immense sourire niais s'inscrivit sur mon visage que je n'arrivais pas à réprimer. Il avait écrit « charmante » ce con, et je le prenais grave pour moi.

Vald avait écrit sur une nappe un mot pour moi mais what. Il avait vraiment un esprit malin et joueur, j'adorais ça et j'espérais pouvoir entamer le jeu, maintenant qu'il m'y avait invité implicitement.

***

Je passais derrière la grande scène par un de mes chemins de raccourci préféré pour aller au lac rejoindre les copines, après avoir transpiré sous les tentes qui ne laissaient pas passer l'air.

- Alex !

J'avais entendu mon nom et je me retournai.

C'était Vald avec ses fidèles lunettes noir, une clope à la main, en T- shirt noir. Il se fondait bien parmi les techos qui pullulaient dans l'endroit.

- Alors les frigos se portent bien ? railla-t-il.

- Autant qu'ils le peuvent avec la canicule, répondis-je. J'avoue c'était pas terrible comme réplique, mais j'étais un peu déconcertée de le voir là. Et toi, tu fais quoi ?

- Je prends mes marques sur la grande scène pour le concert, on a encore des trucs à voir vu que c'est la première fois qu'on fait ce set. Tu veux en profiter pour monter voir les coulisses de la scène ? me proposa-t-il. Un de mes avantages d'être connu tsé, lança-t-il d'un air faussement arrogant.

Mélange | VALDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant