Chapitre second.

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Pour cette première nuit éveillé, Harry enfreignait déjà les règles en cachant ses amis pour éviter la fin des heures de visites. Il allait lui falloir encore un bon nombre d’heures avant de rattraper ses trois années de silence. Il avait tellement hâte de reprendre la vie. Il voulait revoir ses amis et rencontrer leur famille, leurs enfants.

Naturellement, il ressentait aussi un pincement douloureux au cœur. Tous ses amis avaient une famille et lui qui en désirait une plus que tout au monde se retrouvait à nouveau sur le bas-côté. Si Ron et Hermione avait été pour lui une famille, il ne pouvait à présent plus passer ses journées avec eux, même si ils disaient le contraire. Il ne se sentait pas capable de perturber leur intimité familiale. Il désirait se construire, lui-aussi. Mais comment faire ? Il se sentait tellement seul, qu’il repensa plusieurs fois à l’idée de vivre chez les Weasleys. Il ne se sentait pas capable de reprendre tout seul. Et pourtant. Qui pouvait-il bien avoir sans pour autant se sentir coupable pour l’intrusion.

Ce n’est qu’au petit matin, seul, qu’il trouva une éventuelle réponse à sa question. Il se souvint d’une personne qui pourrait peut-être l’aider. L’idée lui parût folle et affreusement gênante mais au point où il en était, il n’avait plus grand-chose à perdre. Il se résolu donc à trouver Draco Malfoy.

Il fût coupé dans ses pensées par l’intrusion d’un médecin qui avait apparemment beaucoup de questions. Après un long entretien sur le mystère Potter et l’analyse de l’étrange ressenti du patient, le médicomage en conclu qu’il ne s’agissait pas d’un coma mais plutôt d’une sorte de sommeil réparateur. Il avait dû restaurer  sa magie épuisée lors du combat. Son corps était en veille mais son esprit totalement conscient. Les yeux du docteur étaient emplis de compassion quand il avait appris cela. Harry avait tout entendu et ressenti.  Et toute la solitude d’Harry le rattrapa. Il se souvenait trop bien des supplications et des larmes de ses proches. Il aurait tant aimé se réveiller pour serrer Hermione dans ses bras. Il avait tant souffert de ses visites pleines de larmes et de désespoir.  Ron aussi avait pleuré. Une fois. Seul. Et il promit ce jour-là à Harry qu’il la soutiendrait. Qu’il serait fort pour elle. C’est donc l’unique fois que Ron pleura et laissa échapper sa tristesse. Jamais il ne flancha. Pour le bien d’Hermione, il devait la soutenir, être les bras qui accueilleraient ses pleurs et pas le pauvre enfant terrorisé et fragile qu’il a toujours été.

Harry n’avait pas réussi à leur avoué avoir été conscient. Il n’aurait pas réussi à retenir ses émotions et il ne voulait pas non plus que ses amis se sentent coupables. Il n’évoqua donc jamais la souffrance qui l’avait envahi quand les visites ont cessé. Il ne leur avoua pas qu’il s’était retrouvé comme enfermé à nouveau dans sa trappe sous les escaliers. Mais en pire encore. De ce temps-là, il pouvait jouer avec de petits soldats ou écouter la vie extérieure. Ici il n’y avait rien. Pas de bruit, pas de jeu. Seul un silence perpétuel régnait dans la pièce.

Le seul réconfort qu’il trouvait était lors des visites de l’inconnu. Harry entendait chaque jour quelqu’un venir et s’affaler dans le fauteuil. Il resta longtemps dans le mystère, torturé par le mystère sur l’identité de cette personne. Il l’entendait respirer et écrire dans un carnet. L’inconnu ne parlait jamais. Il ne pouvait donc pas savoir qui il était. Mais sentir une présence dans la chambre, lui réchauffait le cœur plus que tout au monde. Cette personne était devenue vitale pour Harry. Il retrouvait goût à la vie. Il retrouvait de l’espoir. Ce n’est que quelques mois plus tard qu’Harry découvrit enfin son identité. Lors d’une visite habituelle, le stylo de l’inconnu tomba au sol et probablement pas pur réflexe, la personne s’excusa. Harry fut très troublé par cette voix masculine, grave qui avait un petit quelque chose. Elle lui semblait peu familière, il l’avait déjà entendu mais il ne pouvait pas remettre de visage sur la personne. Ce n’est qu’après un listage de toutes ses connaissances qu’Harry retrouva son origine. Il prit du temps à réaliser que sa visite quotidienne n’était autre que Draco Malfoy. Il prit du temps à le reconnaitre, premièrement parce qu’il était bien la dernière personne à qui il aurait pu penser et deuxièmement, sa voix était devenu plus grave. Le plus étonnant, cette voix, lui apporta de la chaleur. La nostalgie. Il se revoyait encore se chamailler avec Malfoy pour un rien dans les couloirs de Poudlard. Il revoyait sa tignasse blonde et ses yeux gris perçants. Il se demandait à quoi Draco pouvait bien ressembler maintenant. Il s’imagina la même tignasse sur un visage plus mature. Des yeux toujours aussi gris, pourtant, il n’arriva pas à les animer de la même manière que dans ses souvenirs. Il manquait l’étincelle qui rendait ses yeux à la fois si expressifs et glacials. Il le visualisa avec un corps plus musclé et carré étincellent de prestance, de charisme. Il avait toujours eu du charme. Il devait sûrement être très beau. Harry avait envie de le voir, de lui parler. Il voulait savoir à quoi il ressemblait et ce qu’il lui était arrivé. Et par-dessus tout pourquoi il lui rendait visite. La curiosité animait les journées de Harry. Son imagination avait pris le dessus sur son ennui. Ses autres visiteurs lui contaient tout ce qu’il se passait. Draco ne disait pas un mot. Harry pouvait alors retracer trois années de sa vie. Même plus, il n’avait jamais vraiment connu Malfoy. Il savait son enfance difficile et tiraillée. Mais il était certain que Draco avait fait le bon choix et étais revenu de bon côté. Il était persuadé qu’au plus profond de lui il ne voulait le malheur de personne. Harry réécrivait alors toute l’histoire. Il remonta même au tout début et s’imagina le déroulement des choses si à leur première rencontre, il lui avait serré la main. Harry ne pouvait pas non plus nier que Draco était un con. Même si sa vie n’était pas des plus faciles, son comportement envers lui et ses amis n’était vraiment pas la meilleure de ses idées. Un Malfoy reste un Malfoy.

C’est justement à cause de ses longues visites quotidiennes qu’Harry supposa que lui aussi était plutôt seul. S’il était venu lui rendre visite, peut-être avait-il une chance de renouer avec Malfoy. Peut-être pourrait-il l’aider.  De toute manière, Harry était décidé à le voir.

Le souvenir de la veille le frappa de plein fouet. Il se souvenait de l’article que Ron lui avait lu hier. Et c’est avec effroi qu’il réalisa que si lui pouvait enfin sortir de l’hôpital, Malfoy devait y avoir été interné depuis peu.  

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