Les arbres défilaient autour de moi tandis que je courrais. Si je n'avais pas été le monstre que j'étais, tout aurait été rendu flou par la vitesse inhumaine à laquelle je virevoltais à travers les obstacles. Pourtant, chaque détail de la forêt restait incroyablement net autour de moi et, quand j'y réfléchissais plus en détail, je trouvais ça effrayant. C'était pourtant mon quotidien depuis une dizaine d'années, mais cela me sidérait toujours autant. Je peinais d'ailleurs à me souvenir ce pan de mon existence où j'avais été dotée d'une vision floue et limitée.
Parfois, il m'arrivait de penser à ce passé. Du temps libre, j'en avais après tout beaucoup. A part me nourrir, qui était là une nécessité presque inévitable, je pouvais faire ce que bon me semblait, ce dont j'aurais certainement du me réjouir. Néanmoins, mon quotidien était d'une telle fadeur que c'était bien loin d'être le cas.
Quand je songeais à mon passé, à défaut de penser à ma famille, je pensais beaucoup à mon créateur. A la façon dont il avait bouleversé ma vie, surtout, en clôturant mon existence humaine.
Je m'étais séparée de lui il y a quelques années. Si peu de temps, finalement, à l'échelle de mon existence en tant que vampire, mais le temps passait si lentement que j'avais du mal à le réaliser. Ne pas être en capacité de dormir, jamais, n'aidait certainement pas.
Mon créateur ne m'avait transformée que pour une finalité : avoir une compagne qu'il souhaitait dresser à sa convenance. Oh, je n'avais pas été la première compagne qu'il avait tenté de se créer. Simplement, les premières humaines qu'il avait essayé de transformer étaient toutes mortes dans le processus, à ce que j'avais pu en comprendre. J'avais été sa première réussite, si on pouvait seulement parler de réussite au vu de ce qui avait suivi.
Avant de devenir un monstre, j'avais une famille, une vie normale. J'avais tiré un trait sur tout ça après être devenue ce que j'étais. Je n'avais même pas essayé d'entrer en contact avec ma famille, car à quoi bon ?
Primo, impulsif comme on l'était dans les débuts de notre vie de vampire, j'aurais immédiatement cédé à mes instincts et me serais jeté sur eux. La belle affaire... Secundo, mon créateur ne m'avait pas encouragée dans ce sens. Il m'avait maintes fois répété que les humains ne méritaient pas notre considération d'une quelconque façon. Nous leur étions supérieurs et il aurait donc été stupide que je souhaite demeurer attachée à d'anciens liens qui étaient ceux de l'humaine que j'avais été. Or, je n'étais plus la même. Je devais donc tout oublier de cette vie achevée et me concentrer sur ma nouvelle, bien plus intéressante, avec lui. Comme c'était pratique pour lui de me persuader de ça...
De toute façon, les souvenirs que j'avais de ma famille et de mes anciens amis étaient rapidement devenus très flous et tenter de me les rappeler ne m'apportait que de la frustration. C'était sûrement terrible à dire d'un point de vue humain, mais je ne ressentais aujourd'hui plus rien pour ces gens qui avaient constitués mon foyer pendant une vingtaine d'années d'existence. Je ne ressentais d'ailleurs plus rien pour mon créateur non plus, ce qui n'avait malheureusement pas toujours été le cas. A ce jour et certainement pour le meilleur, je n'éprouvais ainsi plus rien pour personne.
Ce monstre, donc, m'avait tout retiré en me transformant égoïstement, faisant de moi une monstruosité aussi monstrueuse que lui. Au départ, j'avais pourtant presque cru que je l'aimais, cet être abominable. Non pas qu'il ait été particulièrement séduisant. D'ailleurs, physiquement, il avait beau être doté de la même perfection insensée commune à tous les vampires, nous n'avions absolument pas le même âge au moment de nos transformations respectives. Cela serait presque revenu à avoir une relation avec un homme de l'âge de mon grand-père quand j'étais humaine, ce qui m'aurait certainement dégoutée dans mon ancienne vie.
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Vagabonde [Twilight]
FanfictionEleanor est devenue une vagabonde par choix. Parce qu'elle est ce qu'elle est, et qu'elle a vécu ce qu'elle a vécu, elle estime la solitude préférable. Fred a longtemps pensé comme elle, lui aussi un grand solitaire dans l'âme. Oui mais Fred en a as...