Chapitre 2

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Je traverse le long chemin qui me mène à l'auditoire. Je commence ma journée avec le premier examen de ma session; embryologie générale. J'ai les nerfs à vif depuis quelques semaines. C'est oppressant et cela me met une énorme pression. J'ai passé jour et nuit à étudier les examens de cette semaine que je pourrai réciter 10 pages d'un de mes syllabus sans hésiter. J'adore tout contrôler et cela en devient maladif à la longue. 

Je prends place au douzième rang de l'auditoire exactement. Je suis tellement stressée que je pourrai compter le nombre de petits carrelages qui décorent l'auditoire pour me détendre. Je perds le contrôle pour un examen que je sous estimerai dans 10 ans. Je me moquerai de moi-même, plus tard, lorsque je me rappellerai du premier examen de ma première année.

Je suis quelqu'un qui aime la maîtrise et le contrôle. J'aime faire les choses à ma manière. Mais lorsque quelque chose dont je ne peux asservir, se déroule, je dérape. Cela me frustre et je suis en rogne.

Un étudiant me fait signe de me calmer en agitant ses mains de bas en haut. Il lève ensuite ses pouces en l'air, signe que cela va bien se passer. Je lui réponds d'un sourire forcé. Je dois ressembler à quoi de l'extérieur ? Tout le monde a remarqué combien j'étais crispée. Je triture mes doigts, je fais trembler ma jambe gauche et je place mes crayons par ordre de couleur. J'essaie de le cacher du mieux que je peux mais je n'y arrive pas.

Le professeur distribue les feuilles et je m'empresse d'écrire mon nom. L'examen est en effet bien un questionnaire à choix multiples. Cependant, ce n'est pas parce que c'est un QCM que c'est facile. Je lève mon majeur à toutes les personnes qui disent que les études, c'est un jeu d'enfant car ce ne sont seulement que des QCM. Venez donc nous remplacer. 

Après deux heures intensives de réflexion sur la gamétogenèse à la neurulation, je colorie enfin le cercle de la proposition B de la dernière question. Je souffle un bon coup et craque mon cou. J'ai terminé mon premier examen haut la main mais j'en suis loin d'avoir fini.  Le professeur me regarde, amusé de la situation. Vous étiez également à ma place il y a de ça des jours, ne faites pas le malin.

Je remets mes feuilles sur le bureau du professeur, lui souhaite une bonne journée avant de sortir de l'auditoire. Je respire un bon bol d'oxygène avant de vider l'entièreté de ma bouteille d'eau. Alors c'est ce qu'on ressent à la sortie d'un examen ? On se sent revivre ? Merci mais j'aimerai m'en passer pour les prochaines années. C'est vraiment trop angoissant pour moi. Je ne peux m'imaginer si j'avais raté mon examen. 

Je me dirige vers ma résidence. J'ai besoin de courir, de me vider de toutes émotions anxieuses. Un besoin de me défouler afin de tout laisser s'évader de mon corps. Mon prochain examen étant physique, je décide d'aller à la bibliothèque universitaire afin d'emprunter quelques livres à ce sujet. Je m'habille en tenue de sport, attache ma crinière rousse en une queue de cheval et prends ma bouteille d'eau ainsi que mes écouteurs et mon téléphone. 

J'appuie sur le bouton Play de ma musique avant de commencer à courir. Je cours de plus en plus vite, au rythme de la musique, à n'en plus pouvoir m'en arrêter. Ma fréquence cardiaque augmente de plus en plus, ma gorge est irritée, et je sens ma poitrine brûler. Je n'y prête pas attention et continue à courir le plus vite possible. Je sens que mes jambes vont, d'une minute à l'autre, flancher mais je ne lâche toujours rien, je suis bientôt arrivée à la bibliothèque. Ce sentiment de liberté et le rythme de la musique qui joue dans mes oreilles priment sur les douleurs qui m'arrachent dû à mon footing. 

Je m'arrête devant la grande porte de la bibliothèque. Mon cerveau tape contre ma boîte crânienne et j'attends quelques secondes afin de reprendre mon souffle. Je suis rouge écarlate de mon visage jusqu'à mes mains et mes jambes tremblent. Malgré que je sois haletante et transpirante, je me sens beaucoup mieux et ce footing m'a réellement permis d'évacuer toute cette tension. Mes jambes, néanmoins, sont à deux doigts de lâcher et je sens déjà les courbatures m'handicaper. Je bois une grosse gorgée d'eau avant d'entrer dans cette somptueuse bâtisse. 

l'idylle passionnée de LilithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant