— Tout va bien ici ? demande brusquement une voix.
Arabella et moi nous retournons, synchronisées, vers l'origine du son. La compagne d'Arabella se tient contre l'embrasure de la porte des toilettes, un air appremment inquiet affiché sur le visage.
Je lève les yeux au ciel et lâche un soupir, exaspérée. Voilà que la chevalière vient sauver sa princesse des griffes du dragon.
— Oui. Je reviens de suite June. Ne t'inquiète pas pour moi. répond Arabella d'un sourire alors qu'elle était encore sous l'effet de la colère il y a à peine deux secondes.
Je lève de nouveau les yeux au ciel. Elle pense sérieusement que je viendrai à l'enfermer à double tour dans une pièce sans issue ? Dire qu'Arabella me met sur les nerfs, serait un euphémisme. Elle fait bien plus que cela mais ce n'est pas pour autant que j'agirai en psychopathe. Je ne suis pas aussi dérangée non plus.
Une fois la grande brune partit, je me retourne vers la femme aux cheveux de jais.
— Tu devrais retourner voir ta copine. Elle pense que je vais t'encastrer dans un mur. Bien que l'envie me prend, je ne le ferai pas. lui dis-je d'un rire jaune.
— C'est qu'elle se prend pour le clown du cirque la petite Letson. réplique-t-elle en se rapprochant de moi.
Je n'ai pas le temps de renchérir sur le surnom qu'elle a employé que j'entends la porte s'ouvrir de nouveau. C'est cette fois-ci, Maé qui se pose contre la porte grise, désemparée.
Le destin désapprouve visiblement mon envie d'écraser la tête de la jeune femme en face de moi contre l'évier en céramique !
Le regard de Maé se braque d'abord sur moi avant de se baisser au niveau de mes bras. Je suis sa direction et remarque qu'Arabella et moi nous tenons encore fermement le bras l'une de l'autre et nos deux têtes, éloignées seulement d'une dizaine de centimètres.
— Euh.. Je.. Tu prenais du temps à revenir, on se posait des questions avec les autres. ajoute la blonde debout comme un piquet. Je vais leur dire que tu es..euh..occupée..
Elle regarde longuement Arabella, les sourcils froncés avant de s'en aller. La femme en face de moi éclate soudainement de rire avant d'ajouter.
— Tu devrais retourner voir ta copine. Elle se fait du soucis pour toi.
— Les rôles ont changé Heaney. C'est toi le clown de service maintenant. rétorque-je d'un sourire moqueur faisant allusion à la répétition de ma phrase quelques secondes auparavant.
Je tente tant bien que mal de m'extirper de son emprise afin de partir de cette pièce qui, bientôt, va se transformer en un ring de boxe.
Elle rapproche son visage du mien avant de murmurer doucement.
— On en a pas fini toi et moi Letson.
— J'ai hâte de connaître notre prochain affrontement Heaney.
Je plonge mon regard vert dans les prunelles d'Arabella. Nous nous lorgnons longuement, très longtemps sans briser le contact. Un courant électrique pourrait apparaître entre nos yeux tant la tension est palpable et électrisante. Aucune de nous deux n'osent bouger ou relancer une pique pour rabaisser l'autre, laissant uniquement le bruit de nos respirations se faire entendre. À chaque expiration de sa part, je sens son souffle se répercuter sur la peau de ma mâchoire. Notre proximité provoque un frisson dans tout mon être.
Je tire d'un geste brusque sur son bras pour la rapprocher encore plus de moi avant de susurrer à son oreille.
— À bientôt alors.
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l'idylle passionnée de Lilith
RomanceLilith Letson, une jeune femme de dix-huit ans, entre en première année de médecine à la glorieuse Université de Cambridge. Dotée d'une intelligence peu commune et d'un physique avantageux, elle a tous les atouts que chaque étudiant aurait aimé avoi...