Des yeux mauves, sanguinolents de guimauve. Des yeux meurtris, des yeux violets. Des yeux d'enfants. Les sourires sont des enfants sans âme qu'on peut supprimer à tout instant. Des enfants aux yeux noirs et aux mains rouges qui tiennent encore des poignées de veine.
C'est juste un fantasme. Une rêverie qui me revient souvent, qui s'incruste en moi comme du papier de verre. Constellé.
Peut-on obstruer la rivière de mes larmes ? Pourra-t-on jamais accroître le sentiment que nos vies sont étroitement liées ? Comme deux serpents amoureux sur les feuilles d'un arbre. Comme deux lumières feutrées dans l'ombre d'un soir bleuté.
Un soir bleuté. Regardez. Ils ont peint le ciel en bleu écarlate. Il luit tant qu'il agresse le regard. Je suis là, quelque part dans l'absence de lumière. C'est la vérité. Je vois l'éclat de leurs yeux. Croissant de lune qui me brûle. Pervenche de lune qui m'accule. Veines d'aquarelles.
Des tourbillons violets qui dégringolent. Des éclairs d'amour. Furtifs et futiles. Un océan de certitudes empalant ma gorge. La mort, la mort, la mort ! Partout autour de nous. L'arcade bruissante des mânes embués.
Je t'aime. Mon Dieu, je t'aime. Je déteste vous aimer, toi et ton absence de lumière. Je la vois, tout autour de toi. Comme un halo. Tu fonds comme neige au soleil. Tu brûles tout ce qu'il y a de sain en moi. J'ai deux chemins face à moi. L'un est plein de diamants, l'autre de rubis. Et je vois bien qu'ils se rejoignent à la fin. Mais je ne peux plus bouger. Je ne peux plus bouger, Papa.
Ce n'est pas toi que j'ai aimé. C'est l'autre. Celui que tu devais être. C'est pareil pour Maman. Maman brûle du sang au coin de sa bouche. Elle faisait une hémorragie interne, et sa peau congestionnée scintillait de l'hémoglobine.
Et c'est elle que j'entends quand j'écoute contre les murs. C'est elle, et pas toi, Papa.
Elle, le fantôme en poussière d'argent.
Elle, l'hématome que laisse un parent.
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Poèmes & Textes
PoesiaDes bouts de texte et des poèmes que j'ai écrit dans une période très noire de ma vie.