PLASMA

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Du sang rouge dans nos veines. Le sang est rouge. Rouge. Rouge sang. Rouge comme le sang. Un soleil rouge sang qui perce les yeux et fait saigner les yeux. Les yeux qui saignent. Saignent. Saignent. Mes yeux saignent, mon crâne saigne. L'arrière de mon crâne saigne. Saigne. Saigne. 

Maman saigne. Maman saigne. Oh mon Dieu, elle saigne. Elle saigne beaucoup. Elle saigne comme une adolescente. Une adolescente morte. Il y a du sang partout. Oh, il y a beaucoup de sang, surtout du sang. Un peu au coin de sa bouche. Un filet de sang au coin de sa bouche. Sa bouche saigne. 

Entre les stries verticales de ses lèvres, des perles rouge sang brillent. 

Brillent, brillent, brillent ! Du sang qui brille. Sur sa bouche. Près de son sourire. Ma mère était une femme pleine de sang. Du sang dans sa bouche, dans ses veines. Du sang dans ses regards larmoyants. Du sang partout. Elle me manque. Encore un peu de sang dans votre soupe ?

Volontiers, et aux deux sanguinaires sur vos épaules, il ne faut pas se vexer, mais c'est un affront. Faut-il laisser l'affront impuni ? Faut-il ... mourir de l'intérieur ? Faut-il effacer l'ombre au tableau ?

Retourner là-bas. Vomir du sang. Vomir son coeur, vomir sa vie, vomir l'univers. Et surtout du sang. Beaucoup de sang. Qui gicle sur le carrelage, ou sur les orteils d'une gamine en train d'agoniser dans le lit de son père. Qui glougloute dans nos veines. Qui colore les murs. Qui tapisse ma langue. Ma gorge. Vomir du sang. Du sang qui saigne. Aspirer le sang, lécher le sang, boire le sang. Se gorger du sang. Être le sang.

La vie coule dans le sang. Le sang coule dans la vie. Les gens saignent. La vie saigne. Les fleurs saignent. Les étoiles saignent. Et tombent en poussière stellaire. La poussière saigne. La poussière noire saigne. La poussière bleue saigne. Des flots de gouttes de sang viennent étoiler les lacs. Ils ondoient et saignent. Ils saignent. Ils ondoient. Et saignent. Je saigne. Je saigne. J'ai mal, et je saigne. Je saigne, Papa. Regarde. Regarde ! Tu m'as fait saigner. 

Et je saigne encore. Encore et encore. J'ai la bouche pleine de sang. Rouge. J'ai les yeux injectés de sang. Noir. Les tiens saignent en noir. Nos yeux saignent. 

Tu ne saignes pas, Papa. Tu ne saignes plus. 

Parfois, quand je touches un mur froid ou que je vois l'immensité de la neige rouge, le saignement commence en haut de mon crâne. Il descend lentement entre mes cheveux, dans mon cou, me caresse la clavicule et macule mon ventre. Les couleurs m'assaillent, et j'en saigne de plaisir. 

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