Les Conquérants du Cercle T3 - L'Ordre du Soleil

Chapitre 2 - Daerôn

Lorsqu'il ouvre enfin les yeux, il trouve, un chiffon humide, posé sur son front. Il prend une grande goulée d'air.

Chaud. Il a chaud.

Est-il encore fiévreux ? Non, c'est une chaleur qui l'a bercé depuis l'enfance.

Il sait où il se trouve. Dans son donjon, sur Kalisto. Mais comment-a-t-il réussi à s'échapper ? A t-il purgé la peine qu'avait ordonnée son père ? Ou a-t-il été secouru ?

Il sait que c'est ce qu'il souhaitait. Il devait être aidé. Mais, par qui, il ne sait plus. C'est un vide qui remplit sa tête. Un vide où tout est confus. Un mélange de souvenirs lui parvient, en cascade, mais il ignore si ce sont les siens. Tout lui semble irréel, décousu de toute réalité. Des visages, des ombres, des murmures... Voilà tout ce qu'il possède.

Il grogne en se massant les tempes. Pourquoi, a-t-il l'impression d'avoir bu des litres d'alcool alors que son estomac est désespérément vide. Une nausée le fait se redresser.

Oh non. C'était une mauvaise idée. Maintenant, il a des vertiges. Tout tourne autour de lui. Il se rallonge, soupire. Ferme les yeux quelques secondes pour les rouvrir avec, le même sentiment qu'a son réveil : la confusion.

Il retente sa chance. Il se lève lentement. Tout semble fonctionner. Il retire le chiffon de sa tête et y découvre des taches de sang. Il se tâte le crâne et le visage à la recherche d'une blessure. C'est là qu'il la sent. Une coupure qui barre son sourcil droit. Cadeau d'Arwen, semble-t-il.

Un frisson parcourt son corps entier. Ses oreilles bourdonnent. On l'a déshabillé. Il ne lui reste que son caleçon. Des bleues recouvrent son torse. Il a dû avoir une côte fêlée. On lui a appliqué un baume apaisant. Son poignet droit le fait souffrir. Un bandage soigneusement noué, l'entoure. Il reconnaît instinctivement la marque de Lyrax. Le médecin des soldats. Elle noue toujours ses bandes de la même façon.

Il aperçoit la phrase tatouée sur son pectoral gauche. « Lorsque mon vent soufflera, j'étendrai mes ailes ». A la lecture de cette phrase, semblant très importante, un visage apparaît dans ses souvenirs. De longs cheveux bruns, des yeux verts envoûtants, un nez droit, des lèvres pleines, un cou gracile... Oui, c'était elle qui devait le délivrer. Mais qui est-elle ?

Un nouveau frisson désagréable le fait trembler. Il s'avance vers une commode au fond de la pièce. Il se rappelle que c'est ici qu'il range ses affaires. Il trouve une combinaison de cuir sans manches et l'enfile lentement, pour éviter les étourdissements.

Des coups sont frappés contre la porte le faisant se retourner vivement. Il se mord les lèvres à la douleur lancinante qui lui tape contre les tempes. Il s'avance vers la porte. L'écran d'un ordinateur éteint lui renvoie brièvement son reflet.

Il grimace à la vue de son visage encore tuméfié, des cernes qui descendent bien trop bas à son goût, et du sang recouvrant son arcade sourcilière. Il se passe une main dans les cheveux pour reprendre contenance et ouvre la porte.

Un soldat aux cheveux blond roux, se tient devant lui, un sourire narquois collé au visage. Ce dernier lève un sourcil comme pour se moquer de lui. Une envie de le frapper vient s'insinuer rapidement dans l'esprit encore embrumé de Daerôn.

- Ton père veut te voir. Je te conduis à lui.

Une voix rauque. Il se souvient de ce soldat. Son air blasé lui dit quelque chose. Il a déjà eu affaire à lui. Cette allure presque arrogante, semble cacher des faiblesses émotionnelles. Il doit se souvenir de lui, de son nom. C'est important. Il dévisage en silence son interlocuteur pendant qu'il hoche la tête pour lui exprimer son accord de voir son père. Des épaules carrées, un menton légèrement en galoche. Une phrase : « Que le courage soit notre force ». L'Ordre... La rébellion. Ses associés. Oui, maintenant, il se rappelle. Il se souvient que son père est un tyran et un dictateur impitoyable, qu'il n'a jamais toléré ses actes et qu'il refuse de suivre la voie qu'il a tracée pour lui, son fils. Un héritier rebelle, voilà ce qu'il est. Mais pourquoi son père veut-il le voir ?