6 mois avant l'arrivée de d'Artagnan à Paris...
Les jours de marché étaient ce qu'il y avait de plus animé et de plus agréable. Et ceux-ci se multipliaient lorsque le printemps revenait. Le jeune soldat, qui l'escortait depuis son mariage, la talonnait de près, car Apolline avait eut l'autorisation de son époux pour s'y rendre. Le Comte et la Lady de Rochefort étaient plus que distant depuis leur dispute le mois dernier. La jeune femme avait respecté son engagement à ne plus parler à l'homme sans nom et lui n'avait pas relevé la main sur elle. Ils échangeaient peu, leur mariage était morose. La rousse eut bonne confirmation que Rochefort n'était pas inconnu aux filles de joie mais elle ne pouvait le réprimander, se contentant d'être spectatrice. Apolline n'aimait pas se sentir si faible et dénuée de solution ou de révolte mais elle se trouvait fatigué de s'attirer les foudres et d'en subir les conséquences. Le soldat lui jeta un regard, il savait le déroulement de sa relation avec le Comte. Il savait mais n'avait aucun pouvoir pour aider la jeune femme.
"Ma dame, interpella t-il en regardant parmi la foule du marché."
Apolline suivit son regard et aperçu Athos qui s'approchait d'elle d'un pas pressé. Il avait l'habit sale, les cheveux gras, et empestait l'alcool mais sa jeune sœur s'en moquait bien et se hâta à lui pour l'enlacer. Elle en éprouvait un grand besoin. Le soldat qui l'escortait n'émit aucune réticence et il garda une certaine distance pour leur offrir un peu d'intimité. Il était de bonne foi.
"Tu as le visage cerné et le teint si pâle, s'inquiéta l'ainé en posant les paumes de ses mains sur les joues de sa cadette."
Elle ne parla pas et se contenta d'enfouir son nez dans le torse de son frère.
"C'est lui, n'est-ce pas? C'est Rochefort qui te fait du mal.
- Ne me poses pas davantage de question.
- Apolline, ne rentre pas chez toi ce soir. Fuis. Vas loin, là où le cocher te guide, ou là où ton cœur te demande.
- Je suis ton unique bouclier, si je fuis, ils te trouveront et te feront tuer, je m'y oppose.
- Je suis sous la protection du Roi de France.
- Tout comme à Venise, où la mort t'attendait.
- Qu'ils viennent je saurai me défendre. Mais toi, Regarde toi, tôt ou tard Rochefort aura raison de toi et tu ne pourras plus te relever.
- Non, Athos! Je ne laisserai pas mon mari me briser."
L'ainé eut un rictus. Il se mit à contempler sa jeune sœur de haut en bas et de bas en haut.
"Tu ne sais pas de quoi Rochefort est capable.
- Je pense en avoir eu un aperçu. Je sais quel homme il est, je sais ce qu'il fait. Je connais le nombre de fou qui ont péri par sa lame et je n'ai pas le désir que tu sois le prochain.
- La folie t'a prise.
- Non, l'amour que j'ai pour mon frère."
Le jeune soldat s'approcha d'eux. Il semblait hésitant à parler mais il se déclara tout de même. De sa vive voix, il annonça que mieux valait rentrer et ne pas trop tarder.
"Fais attention à toi, Apolline, je ne me pardonnerai pas de te perdre. Et ma promesse de te sortir de ce mariage n'est pas encore vaine. Je viendrai à ton secours et ferai payer Rochefort.
- Je n'en doute pas, je n'en ai jamais douté, Athos."
Ils s'enlacèrent une ultime fois, et Apolline réclama à passer à l'église avant de rentrer en son foyer. Le soldat n'opina pas. Son capuchon rabattu sur le haut de son crane, la jeune femme et son escorte, remontaient la rue pour rejoindre la chapelle. Le soleil se faisait plus faible mais la chaleur réconfortante ne baissait pas. Il était agréable de ne pas ressentir le froid tranchant à chaque pas posé au sol. La rousse savoura davantage ce peu de liberté accordé et se perdit dans ses réflexions. Cette envie de rejoindre l'église venait d'un besoin de se confesser avec urgence. Depuis plusieurs semaines déjà un poids pesait sur son cœur. Elle devait s'en libérer avant que cela ne la ronge de l'intérieur. Peut être qu'une fois avoué, la force de combattre Rochefort lui reviendrait. Autrement, elle gardait en coin de tête la proposition d'Athos. Tout quitter pour tout recommencer. C'était folie, le Comte finirait bien par la retrouver, elle n'en doutait pas. Il la hanterait comme l'ombre d'un cauchemars.
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Tous Pour Un
FanfictionLes mauvaises alliances gangrènent la France de 1626. Dans l'ombre et le silence, le Cardinal de Richelieu conspire contre le Roi Louis XIII. Apolline, épouse du Comte de Rochefort, se voit tiraillée entre deux opposés. Le camp de son mari et celui...