Chapitre 9 : Le Garçon aux trois duels

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Au sommet de l'église, les lourdes cloches sonnaient midi. Douze coup pesant et grave aussi distinct le uns que les autres. La place de Saint-Germain n'était pas épargnée de ce son répétitif et annonciateur d'heure. En son centre, sur ses pavés carrés et glissant aux jours de grande pluie, se tenait l'impétueux jeune homme de la matinée. Ses habits, aux airs de guenilles pour les Parisiens, se laissaient onduler par le vent frais mais réconfortant du jour. De sa main gauche, il portait une pomme à sa bouche et ses dents en mastiquaient le moindre morceau. Dans son dos, des semelles de bottes claquaient la pierre avec paresse, Athos approchait. Appliquant les conseils de sa jeune sœur, il s'était décrotté, et portait fièrement ses plus beaux tissus de Mousquetaire. Ceux-ci noir de couleur, lui avait permis à de nombreuses reprises à se dissimuler des yeux de ses ennemis. A chaque talon posé au sol, la plume de son chapeau dansait et sa cape claquait l'air comme un coup de fouet. Il avait bel allure et pouvait être craint. Or, l'impétueux garçon ne broncha pas lorsque le frère d'Apolline se présenta, tout au contraire, il le détailla un bref instant, de bas en haut et de haut en bas, en arquant un sourcil.

"Ah! Vous voilà! s'exclama le jeune homme feignant l'impatience. Alors allons-y !"

Il tira son épée qui siffla hors de son fourreau et enfonça le talon de ses bottes avec force contre les pavés. Athos soupira et tira sur la ficelle de sa cape pour la retirer.

"Tu semble bien pressé de rencontrer ton créateur.

- J'ai d'autres rendez-vous, dit le garçon.

- Tu pourrais bien les rater fiston, répliqua le Mousquetaire en retirant son chapeau.

- Oh, je ferai de mon mieux pour être à l'heure."

Vêtu de la même sorte que Athos, deux hommes s'approchèrent des adversaires, Aramis et Porthos, tous deux portant une main sur la garde de leurs épées.

"Mes témoins, clama le frère d'Apolline en les désignant d'un mouvement de tête.

- Vous! S'exclama le garçon reconnaissant leurs traits.

- C'est ce coquin que tu vas corriger, pouffa l'un d'eux.

- Mes rendez-vous, déclara le jeune homme. Un heure, dit t-il en pointant le bout de sa lame sur Porthos, deux heures, il la pointa cette fois en direction d'Aramis.

- Depuis quand es-tu à Paris? interrogea Athos intrigué par ce fouteur de trouble.

- Je suis arrivé ce matin! 

- Tu n'as pas chômé.

- La patience n'est pas ma plus grande vertu! dit t-il d'un ton enjoué.

- Tout comme les bonnes manières, grogna Porthos.

- Attends un peu ton tour vieillard."

Le Mousquetaire haussa les sourcils à cette vague insulte et eut un rire franc en échangeant un regard amusé avec Aramis.

"Que veux-tu que je grave sur ta pierre tombale? Sieur Crétin? se moqua Porthos.

- D'Artagnan.

- D'Artagnan, répéta le frère d'Apolline. Je suis Athos, voici Porthos et Aramis.

- Les trois mousquetaires! J'ai entendu parlé de vous, par mon père, un mousquetaire tout comme vous. Je suis venu à Paris pour être l'un des vôtres.

- Désolé mais tu arrives trop tard, rétorqua Aramis en appuyant l'un de ses pieds sur un tonneau qui dormait là.

- Pour quelles raisons? questionna d'Artagnan emplit d'incompréhension.

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