Lunaires • Taekook

30. Un ange

C'était facile pour Taehyung de savoir où aller, de savoir où aller se réfugier.

Personne ne savait où était cet endroit que Jungkook lui avait montré, personne à part eux deux et c'était pour l'instant, mieux ainsi.

Il était en haut de la colline où Jungkook l'avait emmené pour son anniversaire.

Il avait couru pour prendre le bus le déposant à l'arrêt le plus prêt de l'entrée du bois et comme cela, il était arrivé au seul endroit où il voulait être pour le moment. En fait, oubliez ce qu'il a dit, car l'endroit où il voulait être était sa maison, avec Jungkook, dans les bras de Jungkook, mais ça, il ne le pouvait plus.

Alors il s'était assis tout en haut de la colline et avait plié ses jambes pour pouvoir cacher sa tête dans ses genoux, les bras autour de ces derniers.

Et il pleura.

De toute façon, il n'était bon qu'à ça. Il savait que pleurer ne changerait rien à sa douleur, ne changerait au fait que Jungkook n'était plus là, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

Il venait de dire adieu à la personne qu'il aimait le plus et il n'arrivait pas à croire qu'il ne le reverrait plus jamais. Il n'arrivait pas à croire qu'il venait de dire au revoir à la personne qui méritait le plus la vie, il n'y arrivait pas. Parce qu'il pensait que tout allait durer, qu'il allait être avec Jungkook pendant toute sa vie ou du moins une très grosse partie de celle-ci. Il ne pensait pas qu'on allait tout détruire.

Vous voyez, la seule motivation que Taehyung a eu durant ces quelques jours se résumait qu'à une chose : Jungkook. Il lui devait au moins ça, il lui devait un hommage, des dernières paroles.

Il lui devait une dernière lettre.

Alors, après avoir fixé le plafond de sa chambre pendant des heures, car il n'arrivait toujours pas à dormir, il s'était levé, avait pris du papier et un crayon et avait écrit.

« Kook ?

Tu sais qu'une étoile de plus brille dans le ciel ce soir ? C'est beau, je t'assure, elle est si belle, tu sourirais si tu la voyais tant elle est belle.

Tu veux savoir pourquoi elle si belle ? Parce que c'est toi, tu es cette étoile.

Tu voulais observer les étoiles, mais la vie a décidé de te donner beaucoup plus et beaucoup trop tôt en t'offrant une place parmi elles.

Tu ne pourras plus admirer les étoiles maintenant que tu les côtoies. Et pour ça, je déteste la vie, car elle t'a privé de cela, elle t'a privé de toutes les belles choses que tu aimais, elle t'a privé de vivre.

Tu n'as pas idée à quel point écrire ces mots me font mal, j'ai mal Kook, j'ai mal partout, j'ai l'impression que l'on m'a privé de la chose qui me faisait me sentir vivre et ça fait mal.

Je ne croyais pas que la dernière fois que je t'offrirais une lettre serait le jour où j'allais devoir te faire mes adieux. Je croyais peut-être t'en faire une pour nos un an, une à notre mariage, une à la retraite, mais pas une à ton enterrement alors que tu n'avais que dix-neuf ans.

Je sais que tu voudrais que je sois fort, tout le monde arrête pas de me le répéter. Tout le monde veut que je le sois et ils espèrent tous que j'accepte et que j'aille de l'avant sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne fonctionne pas comme ça, ce n'est pas possible.

On t'a arraché à la vie, à la mienne, à celle du monde et juste à cette pensée, je n'arrive pas à réfléchir comme je devrais le faire, ça peut paraître égoïste, mais je n'y arrive pas et je m'en excuse.