Il saute de murs en murs, s'accroche aux aspérités du béton, passe de balcons en balcons et, finalement, se hisse sur le muret qui surplombe la ville, en haut de la colline. Ses yeux verts en amande scrutent les lumières des fenêtres, des réverbères et des enseignes, éclatantes dans la nuit. La lune, brillant d'une lumière blanche chatoyante, l'observe, bienveillante. Il descend en bondissant de son poste d'observation et réatterrit sur le bitume de la chaussée. Il marche lentement, royal, au milieu de la route qui serpente autour de la colline. Il est seul.
Le silence n'est rompu que par le bruit lointain de l'autoroute. L'absence de fond sonore ne l'inquiète pas.
Il descend jusqu'au pied du monticule par le chemin bitumé puis s'enfonce dans la ville. Il se remet à courir. Les ruelles sombres, dont les coins les plus noirs regorgent de souris et de rats, s'enchaînent dans un ballet des plus inquiétants; il n'a toujours pas peur. Il saute, s'appuie sur le rebord d'une fenêtre, s'assoit entre les pots de fleurs. Une agréable odeur de terre fraîche monte jusqu'à ses narines. Il lève la tête, regarde le ciel et scrute les étoiles. L'étendue noire de la nuit ne l'effraie pas. Au contraire, elle lui ouvre les bras.
Il baisse lentement la tête. Fixe le sol pavé de la ruelle sur lequel quelques rayons de lune ont posé leur clarté. Revient à la réalité. Il n'a pas envie de rentrer chez lui. Cette sensation de liberté, qui l'envahit, l'enivre ; il ne veut pas la laisser s'en aller. Il ne veut pas qu'elle disparaisse. Il veut la garder avec lui. Toute la nuit. Puis tout le jour qui suivra.
Il reprend sa course, sur les toits des immeubles, cette fois. Il saute de bâtiments en bâtiments. Il se fait léger sur les cheminées. Il ne laisse pas de trace. Il n'est qu'une ombre parmi tant d'autres. Invisible. Un coeur de plus qui bat, tout bas, dans l'obscurité.
Il descend petit à petit et se retrouve sur l'avenue. Par un petit passage entre deux maisons, il rejoint un chemin. Il ralentit sa course. Son rythme cardiaque redescend.
Les maisons se raréfient, la nature reprend ses droits, de plus en plus présente. La forêt se fait plus épaisse ; une douce brise fait bruisser les feuilles des arbres, qu'ils soient grands ou petits, tous différents. Ce chant mélodieux résonne dans la nuit. En lui. La ville et ses lumières sont derrière lui, maintenant. Loin. Il ne se retourne pas.
La petite route devient terreuse. Il se décale pour marcher sur la bande d'herbe entre l'allée et le fossé. Au loin, devant lui, il distingue un portail. Sa maison. Il ralentit encore. Il ne veut pas rentrer. Il s'approche, un peu plus à chaque pas. Il passe, à contrecoeur, dans la mince ouverture entre les deux imposantes grilles en fer noir. Il traverse une pelouse fraîchement tondue, prend son élan, saute par dessus un parterre de fleurs, observe une fois encore les étoiles puis remonte une allée en trottinant.
Il passe la porte du petit pavillon et le battant claque derrière lui. La chaleur de l'intérieur l'envahit, tout comme cette impression de captivité qui apparaît à chaque fois qu'il entre dans cet endroit clos. Il jette un regard à la porte, derrière lui, mais il sait qu'il est trop tard. Elle s'est refermée dans son dos. Elle ne le laissera plus ressortir. Pas aujourd'hui, du moins.
La sensation de liberté, si grisante, le quitte peu à peu. Il la regrette déjà. Il se dirige vers le salon. Une bûche se consume dans la cheminée. Il la fixe quelques instants. Le rougeoiement des braises pique ses yeux sensibles. Il s'approche de l'âtre et de la danse, si gracieuse, si hypnotisante des flammes. Il se couche sur le tapis, devant le feu et se promet que demain, il ira plus loin, il courra plus vite. Il chassera les oiseaux, il pêchera les poissons. Il a toute la vie devant lui, et il compte bien en profiter ! Et c'est avec des rêves de courses effrénées après des souris que le petit chat s'endort sur ce tapis à la couleur passée depuis longtemps déjà.
VOUS LISEZ
Il...|ⁿᵒᵘᵛᵉˡˡᵉ
Cerita Pendek{TeRmInÉ} "𝖨𝗅 𝗌𝖺𝗎𝗍𝖾 𝖽𝖾 𝗆𝗎𝗋𝗌 𝖾𝗇 𝗆𝗎𝗋𝗌, 𝗌'𝖺𝖼𝖼𝗋𝗈𝖼𝗁𝖾 𝖺𝗎𝗑 𝖺𝗌𝗉𝖾́𝗋𝗂𝗍𝖾́𝗌 𝖽𝗎 𝖻𝖾́𝗍𝗈𝗇, 𝗉𝖺𝗌𝗌𝖾 𝖽𝖾 𝖻𝖺𝗅𝖼𝗈𝗇𝗌 𝖾𝗇 𝖻𝖺𝗅𝖼𝗈𝗇𝗌 𝖾𝗍, 𝖿𝗂𝗇𝖺𝗅𝖾𝗆𝖾𝗇𝗍, 𝗌𝖾 𝗁𝗂𝗌𝗌𝖾 𝗌𝗎𝗋 𝗅𝖾 𝗆𝗎𝗋𝖾𝗍 𝗊𝗎𝗂 𝗌...