quand ces heures arrivent, il fait toujours un peu plus, un peu trop froid. soulagement, délitement, qu'importe ; tu sais que tout n'est plus tout à fait pareil désormais. une obscurité, bizarrement dessinée, s'impose et se repose dans chaque creux d'épiderme à sa portée.
tu n'as pas vu le temps passer, je sais. c'est toujours comme ça, la même rengaine, la même histoire. tu n'as pas vu pas les visages se défiler et les regards se baisser, progressivement, pour ne pas froisser toute la naïveté que tu portais sur toi. il était attachant tu sais, ce talisman que tu avais créé de sourires confiants.
c'est maintenant que les mots sont devenus assez forts, assez bruts, assez sourds pour tout traverser. les détours de proses qui s'érigent impénétrables, mais qui sont frileuses de te faire face et de fissurer ton faciès ingénu.
tu es partout chez toi mais c'est vrai qu'il n'y a rien de pire que la maison. les murs ne te ressemblent plus, les couvertures sont encore chiffonnées par des sanglots que tu ne reconnais pas, le sol s'est orné de traces qui ne savent où te guider. plutôt tu les portes sous tes yeux comme des macchabées, sans pouvoir t'en échapper, sans pouvoir vraiment les dissimuler.
non rien n'est plus tout à fait pareil désormais. j'imagine que rien ne le sera plus. je ne sais pas si c'est dommage, je ne sais pas si ça ne t'allait pas mieux finalement. on dit souvent que ce n'est jamais trop tard, mais tu es arrivé.e à la fin, n'est-ce pas ? je sais que tu as tout prévu, je le vois dans tes pupilles qui se délitent d'empressement. tu en as le droit, mais tu dois avoir conscience que tu emporteras avec la force que l'on aurait pu avoir pour te pardonner. il faudra que tu t'y fasses ; la culpabilité est une vieille amie pour toi, la seule qui t'aie réellement cerner.
ne pleure pas tes au revoir ; ferme-toi à tes sens ; et choisis toi pour cette fois.
