three.

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tu prends à la gorge et tu serres, tu serres suffisamment pour que ça ne soit plus qu'un souffle qui franchisse ses lèvres, mais pas plus, non, parce que l'obstruction serait bien trop salvatrice. Il en faut juste assez pour qu'elle se sente prisonnière, juste ce qu'il faut pour qu'elle se sente impuissante et qu'elle attende la fin de ta sentence. Si tu sers davantage, elle ne pourra plus penser, et tu la libéreras de son propre esprit, alors que c'est tout ce qu'elle désire. Si tu raffermis la prise, elle t'en saura reconnaissante, parce que tu lui auras offert ce qu'elle est trop lâche pour se donner. laisse-lui la conscience, qu'elle finisse même par se lasser de mourir, alors même qu'elle y voit sa seule libération. elle ne parviendra de toute façon jamais à te haïr, parce qu'elle a l'impression que c'est toi qui lui donne vie, que ce sont tes pressions qui lui font voir le monde. elle est à la merci de tes m(aux)ots, elle les espère pour se convaincre qu'il n'y a pas que du vide. tu peux tout lui susurrer, puisque même si elle sait déjà qu'elle est remplaçable, même si elle sait déjà qu'elle n'est qu'un passage, tu lui feras oublier tout ce à quoi elle arrive encore à se raccrocher. les visages de ceux qui la maintiennent en vie se déforment jusqu'à ce qu'elle ne voit plus que du soulagement dans leur effacement, jusqu'à ce qu'elle leur hurle de s'éloigner plus encore avant qu'elle ne les détruise à leur tour. crois moi, à l'usure, tu l'auras, elle commence déjà à entrouvrir ses lèvres pour te supplier de contracter tes doigts autour de sa nuque et de donner une fin à ton étreinte. cela maintenant si longtemps qu'elle te dessine, vous êtes de vieilles connaissances qui n'ont cesse de se croiser sans réussir à s'apprivoiser. cette fois, elle est prête à se livrer à toi : tu as été son échappatoire, elle te le doit bien. mais prends ton temps, va doucement, montre-lui que même dans la destruction, elle est un chaos plus grand encore.

avec un peu de chance, elle restera dans l'illusion : elle ne verra pas que ce sont ses propres phalanges qui sont en train de l'enserrer doucereusement.

the fear baptised meWhere stories live. Discover now