Première partie

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Il fait sombre, j'ai froid. Tout mon corps est parcouru de frissons glacés pendant que mes dents claquent. Je regarde autour de moi, m'attendant à ce que mes yeux verts s'habituent à l'obscurité, mais non, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez. À présent, j'ai peur. Je me demande ce qu'il se passe et ce qu'il va se passer. Je sens une présence, mais aucune respiration ne semble demeurer à part la mienne. Je me mords la lèvre, le souffle hésitant. Ma joue droite est humide ; une larme s'est frayé son chemin. Je tremble, je cesse de respirer. Aucun bruit ne me parvient, pas même un chant d'oiseau. Je reprends mon souffle, hésitante. Ma bouche est pâteuse et j'ai mal. Pourtant, il ne me semble pas être blessée. Cela ressemble plus à des courbatures. Oui, c'est cela ! Une douleur musculaire persiste dans tout mon être. Le sol est dur et froid, tout comme le mur dans mon dos. Ma position est inconfortable. J'essaie de bouger, de me redresser, mais aussitôt mes muscles me rappellent leur douleur. Je parviens tout de même à gigoter un peu, redressant mon dos contre le mur glacé. Je me demande pourquoi je suis là, pourquoi j'ai si mal, mais aucune réponse ne franchit les brumes de mon esprit. Un frisson plus fort que les autres me parcourt, je me recroqueville sur mon être. J'entends alors du bruit. D'abord léger, puis un peu plus fort. Des pas se rapprochent. Je tends l'oreille, le cœur battant la chamade. Vient-on m'expliquer ce que je fais là ? Mais non, le son s'affaiblit aussi vite qu'il s'est amplifié. Je soupire, laissant couler une seconde larme. Va-t-on me laisser mourir seule ici, dans le noir et l'air glacial ? Je ferme les yeux. Non, je ne veux pas mourir. La mort ne me fait pas peur, certes, mais je n'ai pas envie de quitter ce monde pour autant. Ici, j'ai des amis, des gens qui tiennent à moi. Je ne peux pas simplement baisser les bras et leur faire de la peine en m'envolant pour un univers meilleur. Je dois me battre pour survivre. J'essaie de me redresser, une fois encore, et je parviens à améliorer ma position. C'est déjà ça. Je tente de regarder autour de moi, de distinguer quelque chose, mais non, toujours rien. Où suis-je ? En tous cas, il ne semble pas y avoir la moindre ouverture sur l'extérieur, sinon je verrais au moins un peu de lumière, même si c'est la nuit, au-dehors. Une mèche de mes cheveux noirs me dérange, me tombant sur le nez. Je lève mon bras dans un étrange cliquetis métallique et découvre que mon poignet est attaché au mur par une lourde chaîne. Mes membres doivent être trop engourdis pour que je sente sa froideur contre ma peau. Je chasse la rebelle aux couleurs de nuit d'un geste de la main ; après tout, je n'ai rien d'autre à faire qu'attendre et réfléchir.

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