Deuxième partie

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Soudain, une ampoule s'allume au-dessus de ma tête. Une simple ampoule pendouillant du plafond. Je me trouve dans une sorte de sous-sol, comme une cave, sauf qu'il n'y a absolument aucune étagère. Les seuls objets sont des chaines solidement attachées aux murs, semblables à celles qui m'entravent. Un frisson glacial parcourt ma colonne vertébrale tandis que mon regard reste accroché à ces liens d'acier. Mais bientôt, j'entends des pas, et mon regard s'en détache. Je veux me relever, mais mes muscles sont encore trop engourdis et douloureux pour cela. Une clé fouille dans la serrure de la porte qui s'ouvre bientôt, et ma respiration s'arrête. Je me rends pourtant bien vite compte que cela n'a rien à voir avec moi. Deux hommes entrent, tenant fermement un garçon d'à peu près mon âge, qui se débat violemment. Ils le poussent brusquement, il trébuche et tombe à genou devant le mur en face de moi. Ils l'attachent et ricanent en lui donnant un coup de pied avant de sortir. Ils referment soigneusement la porte à clé derrière eux, comme s'ils craignent qu'on puisse se libérer de ces chaînes. Je suis restée silencieuse, je ne voulais pas attirer leur attention sur moi. Je détaille le nouveau venu, avec ses cheveux bruns et ses yeux d'un noisette aux reflets légèrement fauves. Il est grand, certainement plus que moi, et semble mince mais légèrement musclé. Pas une seule fois il ne me lance un regard, il se contente de fixer le sol comme s'il voulait le tuer. Alors, d'une toute petite voix hésitante, je lui demande en bégayant :
- Ç-ça va ?
Il lève ses beaux yeux sur moi, surpris. Ne m'avait-il donc pas remarquée ? L'étonnement disparaît de ses traits, remplacé par un masque d'impassibilité.
- Ouais.
Je fronce les sourcils en remarquant du sang, sur son front et son menton ; il est blessé. Une coupure court de son sourcil gauche au milieu de son front, et sa lèvre inférieure est entaillée. Je détourne les yeux, je n'aime pas voir une personne mal en point. Cela ne lui échappe pas. Prenant ça pour un malaise à la vue du sang, il baisse la tête, et ses cheveux dissimulent son front. Je lui suis reconnaissante de faire attention à ce genre de choses, mais je m'inquiète tout de même, bien qu'il soit un parfait inconnu.
- T-tu es sûr que tu vas bien ? La coupure a l'air profonde...
De nouveau, ma voix m'a fait faux bond en début de phrase, et j'ai bégayé. Il relève légèrement la tête, juste assez pour que ses yeux se posent sur moi sans que je ne voie le sang. Il porte la main à son front dans un bruit métallique dû aux chaînes, l'effleure et répond d'une voix assurée :
- Ce n'est rien.
Il marque une pause, relevant entièrement la tête pour mieux détailler mon visage fin aux traits soigneusement dessinés. Des cheveux noirs, ondulés, encadrent mon visage et cascadent dans mon dos jusqu'à la base des omoplates. Je ne suis pas bien grande, qualifiable de petite même, de son point de vue. Je parais pourtant plus âgée que mes seize ans, donnant l'impression d'en avoir dix-sept ou même dix-huit. Il demande :
- Tu es là depuis longtemps ?
Il me faut un moment de réflexion avant de hausser les épaules.
- J-je ne sais pas... Quelques heures tout au plus...
- Hum... Émet-il pensivement.
Il ne dit rien de plus, détournant le regard, si bien que je peux poser la question qui me hante. Je crains la réponse, et pourtant, je la désire. Avant que je ne décide si oui ou non je dois le questionner, mon interrogation franchit mes lèvres :
- Sais-tu pourquoi nous sommes ici ?
Ses yeux se reposent sur moi, la réponse se fait attendre. Il a l'air d'en savoir plus que moi, et pourtant, il semble hésiter à me répondre. Que craint-il en me disant la vérité ? Les secondes défilent, devenant peu à peu des minutes. Le silence s'éternise, mais finalement, il répond, hésitant :
- C'est... long à expliquer...
Je hausse un sourcil.
- Je pense qu'on a largement le temps, on ne va pas partir bien loin...
Il sourit, cela l'amuse. Moi, je suis terrifiée en imaginant tout ce qui pourrait nous arriver. N'a-t-il donc pas peur ? S'en moque-t-il simplement ? Son regard se fait plus insistant tandis qu'il plonge au fond de mes prunelles.
- Mieux vaut pour toi que tu ne saches rien. Désolé, mais ta vie risque d'être en danger si tu es au courant.
- Ne l'est-elle pas déjà ?
- Je ne sais pas...
Après cet échange, nous restons longuement silencieux. L'ampoule se met à clignoter légèrement, à deux ou trois reprises, mais ne s'éteint pas. Ou plutôt, pas encore. Nous avons le même réflexe : lever le regard au plafond en priant pour qu'elle reste allumée. Je pense qu'il est temps de me présenter, après tout, nous resterons ici encore un bon bout de temps, j'imagine.
- J-je m'appelle Lisa... Lisa Heartfillia.
Ses yeux se reposent sur moi, juste un instant, puis il répond :
- Steve Chambovey.
- E-enchantée...
Dans cette situation, apprécier une nouvelle rencontre n'est pas ma priorité, mais c'est par pure politesse que j'ai ajouté cela.

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